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Débat 2020

Le grand débat

L’objectif

Afin de « construire dès maintenant le rassemblement des écologistes et des gauches », comme indiqué dans le texte de stratégie de Génération.s pour la période qui s’ouvre dès maintenant et qui courra jusqu’aux élections de 2022, le collectif national a défini une première étape : « L’affirmation du projet politique de Génération.s acteur du rassemblement des écologistes et des gauches ».

Pour ce faire, dès maintenant et jusqu’à une Convention qui permettra l’affirmation de l’orientation politique à l’été, un grand débat est lancé parmi les comités et ouvert vers l’extérieur autour des 7 thèmes suivants :

  • Protection et justice sociales, travail, dans une société non-productiviste ;
  • Une politique environnementale complète (droit de la nature, constitution…) ;
  • L’avenir est à eux ! Jeunesse, éducation, formation dans le monde qui vient ;
  • Construire la démocratie partout : institutions publiques, institutions sociales, entreprises, libertés et droits fondamentaux ;
  • Une action publique qui réduit les inégalités (services publics, territoires) ;
  • Un modèle économique qui permet de faire face au changement climatique ;
  • L’internationalisme, une stratégie géopolitique pour la Paix ;

 

Les modalités de participation au débat :

Le site présente les 7 textes de support au débat. Chacun de ces textes est composé comme suit :

  • Une première partie qui présente les grands enjeux ;
  • Une série de pistes qui seront soumises à discussion. Chacun.e pourra faire part de ses propres propositions sur chacune des pistes.

Les textes proposés n’engagent pas Génération.s sur les positions proposées. Il s’agit uniquement de lancer le débat, certaines des propositions étant très originales ou novatrices, d’autres plus dans la continuité des positions antérieures du mouvement. Ces textes ont été rédigés par des membres de Génération.s et ne sont pas des propositions du Collectif national.

À ce stade, il ne s’agit pas de simplement donner un accord ou montrer son désaccord. Les contributions doivent d’abord avoir pour objectif de faire des propositions complémentaires ou alternatives. Elles doivent se concrétiser sous forme d’un texte d’une longueur maximale d’un feuillet A4 soit environ 2 500 caractères.

Chacun.e peut également soutenir ou donner un avis négatif sur une proposition, sans argumenter, en cliquant sur « Avis ». Les avis ainsi donnés permettront de mesurer un premier niveau d’accord ou de désaccord sur les propositions et de guider le travail de synthèse qui clôturera cette première phase de consultation.

Chacun.e peut contribuer au débat à titre individuel ou de façon collective via un comité local, thématique ou par son échelon territorial de coordination (ETC).
Il est fortement recommandé de privilégier les échanges collectifs et de faire des contributions ou propositions en tant que comité ou ETC.

Les membres de l’Assemblée des Membres et des Territoires chargés de faire vivre le débat dans le mouvement proposeront aux différents échelons l’organisation de ces réunions en lien étroit avec les relais.

Autres thèmes de débat

Les 7 thèmes retenus par le Collectif national, ne permettent pas de couvrir l’intégralité des enjeux et préoccupations de notre société. C’est pourquoi chacun.e peut proposer d’ajouter un thème supplémentaire. Il convient alors de rédiger une note de présentation des enjeux à l’instar des 7 thèmes déjà proposés, et de faire des propositions de prises de position. Ce sont ces dernières qui seront soumises à discussion et avis dans l’Agora.

Expressions libres

Comme sur le site Idées actuel, chacun.e peut déposer un article d’expression libre sur un sujet de son choix, indépendamment des débats en cours. Ces articles sont systématiquement publiés dans la rubrique « Expression libre » (anciennement « contributions ») du site. Les règles de publication sont simples : les articles doivent être conformes à la charte des valeurs de Génération.s et à loi (notamment en matière de diffamation) et ne pas mettre en cause nommément un.e autre membre de Génération.s. Ces articles d’expression libre ne seront pas pris en compte dans la synthèse du débat qui s’ouvre aujourd’hui.

Le calendrier :

Ainsi qu’il est indiqué sur la page de l’Agora, le débat se déroule en trois phases :

  1. Jusqu’au 15 mai le débat est ouvert aux contributions et chacun.e peut contribuer.
  2. Du 15 au 31 mai une synthèse des débats sera organisée. Il s’agira d’établir les points de convergences d’une part les sujets de dissensus d’autre part. À l’issue de cette phase un document sera élaboré reprenant ces différents points.

Pour la synthèse la priorité sera donnée aux points de vue collectifs.

  1. Du 1er au 15 juin les adhérent.es seront appelé.es à se prononcer sur les différents points avec éventuellement des votes alternatifs sur les dissensus.

Tutoriel

Un mode d’emploi détaillé est disponible à l’adresse suivante : https://idees.generation-s.fr/aide.html

Il est également possible de demander des précisions ou faire des suggestions  sur le fonctionnement, par mail, à l’adresse : idees@generation-s.fr

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Quel modèle économique pour demain en lien avec le changement climatique ?

« La pensée originale est toujours critique, elle requiert un pas de côté par rapport aux principes mêmes d’un savoir, une disponibilité à les modifier »

(Alain Supiot Le travail au XXIè siècle Ed Sciences Po.)

Il est de tradition, à gauche, d’affirmer que le capitalisme est responsable de quasiment tous les maux que nous rencontrons sur la planète, qu’il s’agisse des inégalités sociales, des discriminations en tout genre voire même de la dégradation de la biodiversité liée en grande partie au dérèglement climatique.

Il est incontestable que le capitalisme qui repose sur l’impératif catégorique de l’accumulation sans fin de richesses, est structurellement destructeur de l’environnement (comme de la société).

Le capitalisme est intrinsèquement productiviste de deux manières :

  • par la construction même du profit capitaliste : celui-ci, on le sait, est constitué par la « plus-value » ou « sur-valeur » , c’est-à-dire la part de la richesse créée par le travail qui  n’est  nécessaire ni à la reconstruction de la force de travail, ni à l’investissement, celle que s’approprie le ou les propriétaires du capital. Si un salarié a besoin d’une demi-journée de travail pour prolonger sa vie de salarié, la demi-journée suivante est donc du « surtravail », dont la valeur revient au capital.Sans plus -value, ni profit, ni investissements possibles.Sans plus-value, pas de capitalisme.Dès lors, l’enjeu pour les détenteurs du capital est de faire augmenter cette plus-value, donc le profit. Pour cela, plusieurs solutions s’offrent : plus faible rémunération du travail, allongement de la durée effective de travail, augmentation de la production par la mécanisation etc…

Dans tous les cas, les mécanismes du profit capitaliste induisent en eux-mêmes une augmentation de la production de manière générale.

  • Par le « néo-libéralisme » à l’œuvre depuis la fin des années 1970 : la fin du compromis fordiste, essentiellement dû à une contre-offensive du capital pour récupérer une plus large part de plus-value, considérée comme trop faible depuis la fin des années 1930 ;  a été rendu possible par divers outils comme la révolution numérique, l’abaissement des coûts de transports, la financiarisation des modèles économiques.

Un des principes fondamentaux de ce nouveau capitalisme est le « libre-échange », c’est-à-dire l’extension géographique des échanges marchands avec le moins de limites juridiques et sociales possibles. C’est ainsi que les grandes entreprises ont pu diversifier leur main d’œuvre en réduisant les coûts du travail par la concurrence entre travailleurs, c’est ainsi que le profit capitaliste a repris son envol dans des mesures jamais égalées jusqu’ici.


On peut donc affirmer avec force que le capitalisme est l’une des causes principales de la crise écologique actuelle.

Mais pour autant, qu’en est-il des autres formes d’organisations de l’économie et du modèle de production ?

Depuis 1917 et plus encore après 1945, un grand nombre de pays ont été soumis à un régime communiste ou socialiste. En a-t-il été différent au plan de l’impact environnemental ? A l’évidence non !

La raison principale tient au choix universel de faire de la croissance le pivot de la réussite tant économique que politique.
Car un accroissement de la croissance suppose comme corollaire une exploitation toujours plus grande des ressources physiques de la planète et une explosion de la consommation énergétique.


Ainsi entre 1970 et 2017, l’économie mondiale a extrait trois plus de ressources naturelles.
Or s’il a existé un léger découplage entre l’évolution du PIB et celle de l’énergie tout au long du XXe siècle il n’en va plus de même depuis le début des années 2000. De plus il s’est agi en réalité d’un découplage relatif : les émissions de CO2 et l’énergie que nous avons utilisée a seulement augmenté un peu moins vite que le PIB.
Les gains de productivité du travail liés à l’industrialisation (puis à l’automatisation, à l’informatisation et récemment à la robotisation) se font par remplacement (total ou partiel) de tâches humaines par des machines, qui consomment de l’énergie


Ainsi  Internet représente aujourd’hui 4% des émissions mondiales de CO2 contre 2,8% pour le transport aérien civil, et sa consommation énergétique s’accroît de 9 % par an. Cette part pourrait ainsi doubler d’ici 2025 pour atteindre 8 % du total – soit la part actuelle des émissions de CO2 des voitures au niveau mondial.
Un PIB qui augmente durablement avec une énergie qui baisse durablement en valeur absolue cela n’a jamais été observé. Il n’est donc pas possible d’affirmer que l’objectif de l’accord de Paris d’arriver à la neutralité carbone en 2050 est possible tout en ayant une évolution positive de la croissance.

Le productivisme qu’il repose sur le capitalisme ou une économie administrée est donc antinomique avec la lutte contre le dérèglement climatique.
C’est donc bien à cette conception qu’il faut s’attaquer de façon prioritaire si l’on veut répondre à la crise climatique et permettre aux générations futures de vivre en paix, voire de simplement pouvoir vivre sur terre.

« Si la situation ne se débloque pas, c’est parce que les mesures grâce auxquelles on aurait le plus de chances d’éviter la catastrophe (et qui profiteraient à l’immense majorité de la population) représentent une grave menace pour la minorité qui a la haute main sur l’économie, la sphère politique et la majorité des grands médias ».

Cela ne signifie pas pour autant qu’il ne faille pas également combattre le capitalisme mais se contenter de cette lutte risque de faire passer au second plan l’enjeu climatique.

« Il serait faux et dangereux d’oublier que les ennemis de la société écologique font aussi partie de l’histoire même de la gauche et du socialisme dans ses orientations majoritaires, encore prégnantes ».
En effet la social-démocratie, comme les partis communistes, ont porté comme postulat que c’était grâce à l’accroissement des richesses créées qu’il était possible d’opérer une redistribution afin de réduire les inégalités.

« La caractéristique majeure de la période qui va des années 1970 aux années 2000 n’est pas l’émergence de nouvelles forces structurantes mais plutôt la désagrégation des forces antérieures. Nous entendons par là principalement, l’épuisement ou l’extinction des trois grands courants de la « vieille gauche » : le réformisme social-démocrate et progressiste dans le « premier monde » ; les dictatures communistes révolutionnaires promotrices d’un développement industriel rapide dans le « deuxième monde » ; les mouvements nationaux-populistes du tiers monde» .

Toute remise en cause de la croissance et donc du productivisme est apparue comme une posture libérale favorisant le statu quo.
Pourtant refuser l’accroissement infini de la croissance ne signifie en rien réduire le bien-être. Cela suppose néanmoins de remettre en avant des priorités, l’être plutôt que l’avoir, l’usage plutôt que la propriété.

L’évolution de la croissance dépend de plusieurs facteurs dont l’évolution de la démographie qui pèse pour environ 45% de l’évolution du taux de croissance par an depuis de nombreuses années . Envisager une simple décroissance générale n’a pas forcément de sens si l’on intègre cette donnée et si l’on considère qu’une bonne partie de la population n’a pas accès à des services essentiels. La culture, l’éducation, la formation, les soins, etc. ne peuvent subir une décroissance. En revanche lutter contre l’obsolescence programmée telle qu’elle fonctionne aujourd’hui aurait un impact important sur la consommation des biens matériels. C’est donc davantage une décroissance sélective liée à une croissance sélective qu’il faut envisager d’où le terme communément utilisé de postcroissance.

On constate une baisse de la productivité dans les économies avancées : elle passe de plus de 4% par an dans les années 50-60 à moins de 0.5% par an à partir de 2015. Elle est en constante diminution.
« Dans ces conditions le PIB par habitant (mesure conventionnelle de la prospérité) ne peut croître que si la proportion de la population active augmente ou si le nombre d’heures travaillées par chaque membre de la population active augmente. Au-delà d’un certain point, demander à plus de gens de travailler plus longtemps aura de fortes chances d’accentuer le recul de la productivité.
Il n’existe aucun scénario crédible, socialement juste et écologiquement soutenable pour faire croître en permanence les revenus de 9 milliards de personnes» .


Passer du productivisme capitaliste à un nouveau modèle impose de repenser l’ensemble du système économique dans toutes ses composantes : quelle production de biens et de service pour quelle finalité, dans quelles conditions de fabrication, dans quels territoires, pour quels usages, etc. ?
Parmi les questions essentielles figurent bien évidemment celles qui ont trait à la place relative du marché dans l’économie, la place des services publics, la gestion des biens communs, le rôle, le statut et les modalités d’intervention du secteur financier. La transition énergétique représente à elle seule un enjeu majeur sans laquelle rien ne sera possible.

A défaut d’avoir la prétention de répondre seuls à toutes ces questions, Génération.s peut néanmoins tracer quelques pistes.

Le modèle alternatif que nous avons commencé à esquisser pourrait être appelé, en reprenant la terminologie du philosophe Bernard Stiegler, l’économie « contributive », c’est-à-dire une économie qui valorise les contributions de chaque membre de la société, au-delà de la production de richesses matérielles. A l’heure de l’automation et de l’urgence écologique, il convient en effet de mieux valoriser des actions qui contribuent au bien-être de la société et de la planète, sans pour autant produire d’effet mesurable en termes de PIB : s’engager dans une association, se former, enseigner, agir pour l’environnement, s’occuper de ses enfants ou de ses parents malades...L’économie contributive permet ainsi de recentrer les priorités de la société autour de l’essentiel : l’environnement, l’éducation, la santé mais aussi les loisirs et le temps familial.

Nous avons aujourd’hui besoin d’une nouvelle matrice politique sur laquelle puisse se développer une éthique de l’émancipation tout à la fois d’intérêt individuel, sociétal et terrestre. « Dissocier l’écologie d’un positionnement politique clair sur le capitalisme, le libre-échange, la mondialisation et la finance, c’est la priver d’une ancre primordiale et prendre le risque de dérives inquiétantes » .

 

Protection et justice sociales, travail, dans une société non-productiviste

La santé, c’est-à-dire le bien-être physique, mental, social et environnemental (OMS), le bien-vivre, est au cœur de notre projet. C’est en France au XIXème siècle que la notion de santé publique est née. Les notions de qualité de vie, de solidarité, de prise en charge de la maladie et de ses conséquences ont connu un développement accéléré à partir du Front populaire en 1936, puis des propositions du Conseil national de la résistance, avec l’inscription du droit à la santé dans le préambule de la Constitution et la création de la Sécurité sociale en octobre 1945.

Une politique forte de santé et de protection sociale est une voie vers plus de bien-être, une meilleure qualité de vie pour tous ainsi qu’un soutien à l’innovation humaine et technologique, au service de l’émancipation de tou.tes. Sans elle, tous les autres droits (à l’éducation, au travail, au bonheur) sont compromis.

L’enjeu est d’offrir aux générations présentes et futures une vie digne et libre, le « bien-vivre », dans un environnement durablement préservé. Pour cela il fautdes propositions fortes comme la garantie pour tou.tes et partout d’un accès permanent à :

  • un environnement sain par la lutte contre toutes les pollutions, en particulier les perturbateurs endocriniens,
  • la prévention,
  • l’éducation
  • la santé et l’activité physique dès le plus jeune âge, une nourriture saine.

Ainsi, nous défendons

  • l’ouverture à tou.tes et partout, en particulier aux plus précaires, des droits à la santé,
  • la défense des soignant.es et de l’hôpital public,
  • la garantie de financements publics pour la santé,
  • la démocratie sanitaire pour renforcer les droits des citoyens.

 Parce que nous croyons à l’égalité et à l’émancipation, nous avons anticipé les menaces toujours plus grandes qui pèsent sur notre modèle social. Nous refusons de subir nos vies et d’assister, impuissant.es, à la perte de nos droits.

La France est un pays riche : elle peut et doit permettre de garantir le bien-vivre et la santé de tous ceux qui vivent sur son sol, quels que soient leur sexe, leur origine, leur situation sociale. Nous devons seulement cesser de faire dépendre la santé de considérations comptables, alors qu’elles sont d’abord humaines. Les inégalités sociales de santé concernent l’accès aux droits, à la prévention, aux soins. Elles engendrent près de 13 ans de différence d’espérance de vie à la naissance entre les 5% des Hommes les plus pauvres et les 5% les plus riches. Il est proprement inacceptable en démocratie de constater une telle injustice.

Pressé par l’impératif de rentabilité et de concurrence avec le secteur privé, conséquence d’un système dual public/privé qui est l’une de nos spécificités, l’hôpital public et les Ehpads partent à vau-l’eau tandis que la médecine de ville peine à remplir ses missions. Les investissements nécessaires à leur mission essentielle de service public et leur pérennité ne sont pas faits. La souffrance au travail, omniprésente, conduit les professionnels hospitaliers au burn out, qui n’est toujours pas reconnu comme maladie professionnelle. Sur une partie toujours croissante du territoire, il est de plus en plus difficile de trouver un soignant.

Dans les Ehpad, la maltraitance est redoutée, voire de plus en plus ressentie par les soignants comme les résident.es, faute de moyens. Toujours plus importants, les dépassements d’honoraires (2,5 milliards d’euros par an) forcent bon nombre de Français.es à retarder, ou pire, à renoncer aux soins. Pourtant illégaux, les refus de soins aux plus pauvres atteignent un niveau alarmant tandis que le tiers des personnes éligibles à la CMUc ne bénéficiait pas de ses droits (avant mise en place de la Complémentaire santé solidaire – CSS). Outil clé de la prévention auprès de nos enfants, la santé scolaire est en déshérence.

Dans les entreprises, la médecine du travail recule, alors que les risques psychosociaux et la pénibilité continuent de croître. Malgré les progrès considérables de leur utilité et de leur sécurité, les médicaments et les vaccins font injustement l’objet de plus de craintes que de confiance, reflets d’une défiance grandissante, alors que les laboratoires pharmaceutiques augmentent leurs profits grevant ainsi les budgets sociaux.

Encore largement sous-estimés, voire niés, les risques sanitaires liés à la dégradation de l’environnement et au changement climatique, qui interagissent avec les risques liés à nos comportements individuels, augmentent rapidement. Comme l’a souligné l’ONU en 2011, il existe à l’échelle mondiale une augmentation des maladies chroniques non infectieuses ayant pour cause une dégradation de notre environnement individuel et collectif qui touche particulièrement les catégories sociales les moins favorisées, conséquences de nos modes de production et de consommation, des fragilités des plus démunis.

Les inégalités sociales et territoriales s’amplifient face aux perturbations comportementales et environnementales et à leurs conséquences sanitaires, faisant apparaître un réel « Shit Life Syndrome » pour des millions de nos concitoyens. Ces graves dysfonctionnements du système de santé et de protection sociale en France ne sont que les exemples les plus patents sur une liste qui ne cesse de s’allonger. Nous ne sommes pas en avance. Ce sont les gardiens du système qui sont en retard.

Enfin les évolutions technologiques et la révolution numérique associée à la nécessaire diminution de notre empreinte écologique, doivent se traduire par une nouvelle façon de financer la protection sociale. Il n’est plus possible de considérer que les gains de croissance constituent la base de son financement. Dans une société postcroissance il faut remettre à plat les principes qui ont servi jusque-là.

 

 

Une politique environnementale complète (droit de la nature, constitution…)

Une politique environnementale complète.

Malgré les appels de quelques lanceurs d’alerte dès les années 1950-1960, qui passaient au début pour des doux illuminés voire des prophètes de malheur, malgré la Loi-cadre sur la Protection de la Nature en 1976, tardivement imposée aux entreprises par ses décrets d’application (études d’impact) et aux collectivités (protection des captages d’eau, gestion des déchets) et donc très peu suivie d’effets avant la fin des années 1980, malgré la loi de 2001 conférant à la lutte contre l'effet de serre et à la prévention des risques liés au réchauffement climatique la qualité de priorité nationale, malgré l’intégration de la Charte de l’environnement au bloc constitutionnel en 2005, malgré le Grenelle de l’environnement en 2007, malgré la signature spectaculaire de l’accord de Paris lors de la COP 21 en 2015, force est de constater que ces politiques sont insuffisantes et qu’aujourd’hui nous nous trouvons dans une situation environnementale dramatique.

Et ceci à tous les niveaux : national, européen et mondial ! En effet, aucune politique concertée et vraiment ambitieuse n’a été mise en place, alors qu’il aurait dû y avoir une prise de conscience collective des États et des actions internationales.

Les effets sont dramatiques et déjà parfaitement visibles :

  • Dérèglement climatique qui s’accélère du fait des émissions des GES ;
  • Acidification des océans sous l’effet des rejets carbonés et des pollutions ;
  • Déclin brutal de la biodiversité, on parle d’une 6ème extinction de masse ;
  • Artificialisation, pollution, sècheresse et appauvrissement des sols qui réduisent sa capacité de produire notre alimentation, mais aussi ses fonctions écologiques et hydrologiques et sa capacité d’absorber du CO2;
  • Destruction des forêts pour les besoins de l’agriculture intensive, de l’extraction de ressources ou une exploitation du bois non soutenable ;
  • Pollution des ressources en eau douce dont l’eau potable ;
  • Dégradation de la qualitéé de l’air par des rejets de toutes sortes, diminuant l’espérance de vie en bonne santé ;
  • Fonte des glaciers qui, avec la dilatation des eaux qui se réchauffent, entraînent la hausse du niveau des mers ;
  • Intensification et multiplication des évènements climatiques extrêmes (pluies torrentielles, inondations, vents violents, ouragans, sécheresse, désertification, méga-feux partout dans le monde, prolifération d’espèces invasives, ...)
  • Agrandissement des villes, des espaces industriels et des mégaprojets entraînant à leur tour l’artificialisation des sols ;
  • Conditions de vie dégradées à la fois pour les populations humaines (grande pauvreté, famines, refugiés climatiques, SDF, solitude, maladies, guerres) et pour tout le vivant (conditions d’élevage et d’abattage indignes, souffrance animale, chasse intensive qui n’épargne pas les espèces menacées).

Il est temps ​de mettre en œuvre un ​nouveau projet de société qui substitue la coopération à la concurrence, qui ​réduit les inégalités​, offrant à tous un revenu digne, qui partage les ressources de la planète de manière équitable et garantit un climat vivable pour les générations futures.

Nos objectifs :

Il est primordial de respecter la trajectoire des émissions de GES pour atteindre la neutralité carbone réelle en 2050 et nous donner une chance de préserver un climat et un environnement vivable pour l’humanité.

Nous devons alors passer au plus vite à un modèle économique et social équilibré, de régénération des ressources, des écosystèmes et des solidarités. Tous les acteurs devront se mobiliser pour mettre fin à la surexploitation des ressources naturelles, à la dégradation de l’environnement, aux émissions excessives des GES. Les législateurs en changeant le droit ; les entreprises en s’inscrivant dans une économie circulaire et vertueuse ; les citoyens en changeant de mode de consommation ; les collectivités en agissant au quotidien ; la puissance publique en donnant les moyens à chacun d’opérer les changements nécessaires.

Quelques pistes

Pour mettre en œuvre cette transition écologique et solidaire, de nombreuses mesures sont à décliner à toutes les échelles, dans tous les secteurs qu’elles traversent dont la liste suivante est loin d’être exhaustive :

  • Engager la transition énergétique
  • Les territoires ruraux : un cadre de vie à préserver et à régénérer
  • Des villes plus résilientes
  • Une révolution pour un environnement sain et une alimentation saine
  • Du champ à l’assiette : une agriculture et une consommation soutenables
  • Révolutionner les mobilités
  • Vers une meilleure reconnaissance des droits de la nature et de la faune sauvage
  • La fôret
  • La chasse
 

L’avenir est à eux ! Jeunesse, éducation, formation dans le monde qui vient

Premier service public rencontré par les citoyen.nes et premier budget de l’État, l'éducation nationale est le fruit d’une histoire profondément sociale. L’instruction varie en fonction des contextes, des enjeux auxquels les sociétés sont confrontées. C’est un sujet complexe, transversal, irrémédiablement lié à une vision politique. Mais l’éducation est aussi le fruit des hommes et femmes qui chaque jour, transmettent leurs valeurs, font vivre les quartiers et les campagnes, sans avoir forcément conscience du caractère politique de leurs actions.

La jeunesse souffre de la politique globale menée par le gouvernement. Rien n’est entrepris pour réduire la précarité, un.e enfant d’ouvrier éprouve toujours plus de difficultés scolaires qu’un.e enfant de cadre. Ces difficultés se forment en maternelle et primaire et se diffusent tout au long de la scolarité. Dès l’entrée en sixième, plus de 20 % des enfants d’inactifs et plus de 10 % des enfants d’ouvriers ou d’employés ont redoublé, contre 3 % des enfants de cadres supérieurs, selon le ministère de l’Éducation nationale.

Aujourd’hui, au lieu d'investir dans l’éducation pour augmenter le nombre de professeurs afin d’améliorer la qualité d’apprentissage, les écoles perdent en effectifs et en moyens.

Aucun.e élu.e n’a le courage politique d’affronter sérieusement le défi de la diffusion d'apprentissages de qualité pour tous, qui donne à chacun des chances égales dans la construction de son parcours non seulement scolaire et professionnel, mais aussi personnel et culturel. Le dédoublement des classes de CP puis des CE1 dans les écoles des territoires de l’éducation prioritaire, qui ne concerne qu’un cinquième des enfants de ce niveau, est un alibi pour masquer l’absence de projet de démocratisation réel.

Réforme du lycée, du bac, Parcoursup, SNU, la politique menée conduit à mettre en place un idéal de société opposé à celui que nous défendons : remplir les besoins en emplois, former des professionnels d'un milieu, non pas des individus résilients capables de critiques, d’actions, de choix éclairés. Or, dans le cadre des mutations du travail à l’œuvre (transition écologique, robotisation, évolutions technologiques), ces jeunes se retrouveront en situation précaire.

La réforme de l’enseignement professionnel est emblématique de cette politique : on compte dans ces filières 60% d'enfants d'ouvriers et seulement 12% d'enfants de cadres, on y réduit le nombre d'heures de langues étrangères, et l’on en définit désormais  les spécialités non plus en fonction des envies professionnelles des jeunes, mais en fonction des besoins des professionnels d’un secteur géographique.

Le projet actuellement mis en place est complet et réfléchi. Il conduit à la résignation des jeunes, à leur mise au pas, conditionnée par et pour les besoins du marché. Pour le contrer nous devons donc nous aussi proposer un plan global, dont l'émancipation collective de la jeunesse, constitue l’horizon.

Pour l’atteindre il nous faut construire une méthode solide et sur le moyen terme, ne pas tomber dans l'écueil d’une série de réformes sans concertation, mais prendre le temps de co-construire chaque étape avec les acteurs de l’éducation et les jeunes. Il s’agit de concevoir un nouveau Plan Langevin-Wallon, un nouveau souffle. Nous devons raisonner à hauteur d’enfant, sans nous limiter à la répartition des compétences actuelles, afin de créer de la continuité dans les parcours d'apprentissages. Même si c’est un luxe dans le contexte politique, la mise en place d’une nouvelle politique éducative suppose une temporalité longue, car derrière la volonté politique, il y a sur le terrain les individus qui s’efforce de la mettre en place.

Nous ne pouvons pas abandonner les personnels enseignants à leur mal-être. Nous ne pouvons pas abandonner la lutte contre la précarité des jeunes car nous vivons un phénomène de paupérisation globale. Ainsi, à titre d’exemple, la précarité de l’emploi des 15-24 ans qui travaillent est passée de 17,3 % à 53,7 % entre 1982 et 2018.

Ils doivent être pleinement acteurs de la construction de notre cap.  La question éducative sera pour la Gauche un enjeu pour l’élection présidentielle, Il faudra être capable  le moment venu de recréer l'espoir dans un milieu profondément de gauche.

Plus globalement, il est temps de remettre l’égalité des chances au cœur de notre projet politique. Il est temps de refaire l’école pour transformer la société, temps de transformer l’école, pour refaire société.

 Un plan de 10 ans pour renouveler l’école s’appuyant sur 5 axes:

  • Redonner sa place à l’éducation populaire.
  • Réaliser les mutations structurelles nécessaires à l’éducation nationale.
  • Développer l’éco-citoyenneté.
  • Réduire les inégalités.
  • Construire un cadre favorisant l’émancipation collective de nos jeunes.
 

Construire la démocratie partout : institutions publiques, institutions sociales, entreprises, libertés et droits fondamentaux

La démocratie, si on doit la définir simplement, est l’expression du choix souverain des citoyen.nes pour décider de l’organisation des pouvoirs dans une société. C’est l’ensemble des citoyen.nes qui s’expriment sur la façon dont la société doit être construite, dont elle doit évoluer.

Nous vivons une crise démocratique réelle en France. Elle repose sur quatre axes problématiques.

Le premier est une crise de la représentativité. Le système actuel donne un pouvoir inconsidéré au président de la République. Cette omnipotence est amplifiée par le quinquennat et l’inversion du calendrier (élection présidentielle suivie des élections législatives) qui confèrent systématiquement au président une majorité de députés qui représentent par conséquent le gouvernement et non les citoyen.nes. De fait, l’assemblée nationale n'incarne pas  réellement le pluralisme des opinions publiques exprimées et le président ne représente finalement que ceux qui ont voté pour lui. Cette absence de reconnaissance de la diversité des opinions entraîne une frustration des électeurs et progressivement de l'abstention.

L’abstention est très importante pour plusieurs raisons : défiance, manque de représentativité, crise sociale, crise culturelle.

Le deuxième axe problématique est l’impossibilité pour les citoyen.nes de peser dans le débat politique entre deux élections présidentielles. Les citoyen.nes peuvent peser par le vote lors des élections intermédiaires, qui ne portent que sur des périmètres d’action par définition beaucoup plus restreints que le périmètre national. Ainsi le peuple ne peut agir sur des processus de décision nationaux que et uniquement si l’exécutif le lui permet ce qui renforce l’illégitimité du pouvoir précédemment évoqué. Cela donne un sentiment réel, et logique, de confiscation du pouvoir.

Il existe pourtant des dispositifs (tels que le référendum national ou local) mais ils ne sont que peu contraignants et ne sont pas accessibles à une initiative proprement citoyenne. Cette crise de l’expression politique des citoyens est amplifiée par l’autoritarisme du pouvoir en place, qui non seulement contraint et entrave certaines manifestations d’opposition mais surtout, ne tient jamais compte de ces manifestations.

La crise démocratique trouve donc son origine dans un défaut de représentativité au sein des instances mais aussi dans l’impossibilité pour  les citoyen.nes de s’exprimer et de participer aux décisions. Notre démocratie n’est donc plus d’un point de vue pratique une démocratie représentative, mais davantage une démocratie tutélaire : c’est-à-dire que les citoyen.nes sont sous tutelle des dirigeants qu’ils et elles ont élus.

Le troisième angle problématique est à la fois une cause des deux premiers et une conséquence. Il consiste en la désagrégation de l’espace public qui est la somme de lieux où le débat public et l’échange politique, social et culturel peuvent avoir lieu. Cette désagrégation est due à la croyance performative selon laquelle les citoyen.nes sont dans l'incapacité de se forger une opinion politique claire et distincte et doivent donc être guidé.es par des experts. C’est la célèbre démocratie des experts de Walter Lippman.

Ce phénomène est ancien mais il s’est accéléré ces dernières années, accentué par les effets du capitalisme produisant un individualisme exacerbé niant les spécificités des individus en droit mais promulguant la mise au ban de la collectivité. La gravité de ce phénomène s’apprécie jusqu’au sein des entreprises où les structures collectives et syndicales sont critiquées, marginalisées au profit d’un rapport direct entre employeur-tuteur et employé isolé.

Enfin, la déshérence de notre système judiciaire, saturé, marqués par d’importantes inégalités d’accès comme de traitement, alimente la défiance croissante de la population française dans son système démocratique, dont la justice est le garant.

Les enjeux sont donc multiples.

Le premier consiste à  réintroduire une souveraineté citoyenne et à  réfléchir à la restauration d’un espace public fort, permettant le débat public et la construction de pouvoir politique. Les Gilets Jaunes ont par leur réappropriation d’un espace public et politique généré la tenue d’un grand débat multipliant ainsi les paroles citoyennes. Il conviendra ensuite de permettre aux citoyen.nes de participer, d’être acteurs volontaires de pratiques citoyennes localement mais finalement à toute échelle. C’est grâce à la réalisation de ces deux objectifs que la pratique politique peut être renouvelée, les institutions réoxygénées, et que les pouvoirs politiques dans leur ensemble peuvent être relégitimés.

Une réflexion globale doit aussi être mise en œuvre sur la nécessité d’une sixième République respectant une séparation stricte des institutions politiques, une séparation stricte des pouvoirs, et une meilleure prise en compte des citoyens et de leurs initiatives dans l’équilibre des forces politiques.

Une précision importante doit être apportée : il ne sera possible de trouver de réponses concrètes à ces questionnements qu’à l’unique condition de garantir une égalité réelle de droits à tous les citoyens avec comme objectif premier de garantir à tous un égal accès à l'exercice de ces droits et, donc, de lutter contre les discriminations. En effet, la nature même d’une démocratie, qu’elle soit directe, participative ou représentative, réside dans le respect des droits du citoyen. Le concept de citoyen.ne est donc central dans la construction démocratique.

 

Une action publique qui réduit les inégalités (services publics, territoires)

Une action publique qui réduit les inégalités : services publics, territoires 

Le mouvement des Gilets jaunes a révélé au grand jour le vaste mouvement d’accroissement des inégalités sociales et territoriales à l’œuvre en France depuis plusieurs décennies. Pour la première fois depuis très longtemps un mouvement d’action collective spontané a fait éclater les colères de toute une partie de la société oubliée dans le grand bruit de la mondialisation.

Ce mouvement social inédit est à la croisée de deux trajectoires qui atteignent désormais le même point commun d’une insupportable injustice. D’abord, la vivacité d’un sentiment de relégation sociale ancien mais qui se réactive avec la disparition progressive de nombreux services publics et la détérioration de leur qualité. La nasse dans laquelle se trouve désormais une grande partie de la population face aux effets en cascade de la crise écologique ensuite.

L'étalement urbain s’est accompagné d’un urbanisme périurbain qui condamne dans nombre de territoires les classes populaires et moyennes à une dépendance inéluctable à la voiture. Faute de penser la conversion écologique de la société dans une logique de réduction des inégalités, toute ambition écologique est vouée à l’échec.

La France est confrontée à un creusement des inégalités à la fois entre les différentes régions françaises et à l’intérieur mêmes de celles-ci. Ce phénomène s’explique d’abord par la globalisation économique et financière qui pousse partout dans le monde à la concentration des richesses dans les centres urbains denses au motif de la compétition économique et financière internationale.

L’immobilier des métropoles est devenu un produit de placement pour grandes fortunes et autres fonds d’investissement avec à la clef des phénomènes de gentrification et d’exclusion des plus modestes. L'emploi et les échanges de richesses  se concentrent toujours plus dans les grands centres urbains, au détriment des périphéries qui subissent en même temps et de plein fouet les inégalités sociales et environnementales.

Cette amplification des inégalités ne dépend pas que de facteurs généraux, il touche directement aux choix politiques effectués depuis 40 ans et à l’abandon d’une véritable politique d’aménagement du territoire. La course à l’attractivité du territoire s’est inscrite dans une vision productiviste de la ville. Pour installer toujours plus d’entreprises et d’habitants, il fallait construire toujours plus de logements et de bureaux, toujours plus d’aéroports et de gares tgv, au détriment du coût écologique de ces projets et des besoins des populations (en particulier des plus précaires).

Les politiques d'urbanisme se sont souvent inscrites dans une logique de compétition des territoires sanctifiant les métropoles locomotives de la croissance et sacrifiant les autres, condamnés au déclin ou à ne vivre que de la redistribution (aléatoire) des richesses. La théorie du ruissellement a produit ses effets délétères dans ce domaine comme dans d’autres : les territoires riches s’enrichissent et les territoires pauvres s’appauvrissent. La conséquence en est dramatique : une concentration des populations et des opportunités dans les grands centres urbains et un délaissement des périphéries dont nombre d’habitants se sentent prisonniers par manque d’opportunités et de mobilités tant géographiques que sociales.

L’hypercentralisation de la France tend à renforcer ces inégalités territoriales et l’incapacité des territoires à trouver les moyens locaux (notamment financiers) de leur propre développement. La décentralisation n’est aujourd’hui pas une réalité en France. La prédominance de l’Etat central dans le système politique et institutionnel français a un effet direct sur la faible autonomie des territoires et l’incapacité à investir durablement dans des services publics de qualité adaptés aux problématiques des usagers. Le principe de la contractualisation entre l’Etat et les collectivités locales renforce cette dépendance.

Alors que ces services publics permettent justement de réduire les inégalités sociales, économiques et environnementales et sont de plus en plus demandés par les Français.es, ils sont partout remis en cause et attaqués par un gouvernement qui cherche à réduire le champ de l’action publique (fermetures d’hôpitaux et de services publics de proximité, désinvestissement dans les politiques en faveur des quartiers populaires, diminution d’effectifs dans l’enseignement et la culture, encouragement à la privatisation de services publics, abandon des infrastructures de transport ferroviaire de proximité, fermeture des gares, etc au profit de la libre concurrence.

La baisse de la dotation globale de fonctionnement pour les collectivités locales se traduit souvent, hélas, par une concurrence entre les territoires, chacun espérant récupérer une part importante au détriment des autres.  Les inégalités territoriales se doublent ainsi d’une inégalité dans l’accès à des services publics dont la qualité est d’autant plus faible dans les territoires déjà défavorisés. Enfin, certains services publics à force de réduction des effectifs et de limitation de l'investissement dans les hommes comme dans les matériels voient leur service et leur relation à la population se dégrader.

Cette dynamique à de grave conséquences : elle dé-légitimise l'action de la police de la gendarmerie des pompiers, des soignants aux yeux des citoyens, elle nourrit la défiance des fonctionnaires vis à vis de l'état qu'ils représentent, des politiques qu'ils mettent en œuvre et de leurs concitoyens dont ils partagent la précarité.

Cette logique générale empêche un débat serein sur les besoins de la société et la manière d’y répondre. Les métiers les plus essentiels (enseignants, infirmiers, aides-soignantes, etc) sont à titre d’exemples parmi les moins bien rémunérés alors qu’en dépend une large part de notre vie en société.

Et pourtant, sur de nombreux territoires se développent des initiatives et des démarches qui portent la nécessaire transition écologique de nos modes de vie. Dans les grandes et petites villes de France, on ne compte plus les actions innovantes qui fleurissent pour réussir à s’adapter à la crise écologique et en protéger les plus faibles. Elles portent en elles le souffle de la réinvention politique, la force de l’intelligence collective, de l’innovation sociale et les graines du changement politique auquel nous aspirons.

Cette réappropriation des biens communs par les citoyen.nes, autant que le souhait de se ré-emparer de la démocratie (à travers la redécouverte du municipalisme par exemple), participe de la reconquête politique et culturelle du camp de l’écologie sociale. Il nous appartient d’en retrouver le sens, de les amplifier, et d’en faire un véritable modèle de société pour lutter concrètement contre toutes les inégalités.

 

L’internationalisme, une stratégie géo-politique pour la Paix (Europe, libre-échange, coopération politique internationale)

Du Chili au Liban, de Hong-Kong à l’Algérie, en passant par la Bolivie, le Soudan, l’Iran, Haïti, l’Irak et la France, une trentaine de pays, sur tous les continents, connaissent « une crise de gouvernementalité ». Au-delà des contextes et des particularités, ces soulèvements expriment d’une part une contestation du mode de production des richesses et de leur répartition qui entraînent l’accroissement des inégalités et de la pauvreté, et d’autre part un rejet des systèmes politiques, une volonté de dignité et de reconquête d’une démocratie non corrompue. Ils se rejoignent sur la dénonciation globale d’un système qui broie l’humain et le vivant au nom du profit avec la complicité des Etats, et alimente une désespérance générale, y compris dans des régimes de démocratie représentative.

  • Une approche internationaliste des enjeux

Dans une perspective internationaliste, il convient, dans un premier temps d’analyser les enjeux et défis communs dans un monde profondément bouleversé. Parmi eux, Thomas Gomart (L’affolement du monde, Ed Tallandier) cite les ambitions de la Chine, les inconstances de la puissance américaine, la résurgence de la Russie, les fragmentations du Moyen-Orient et les guerres au Sahel, la compétition militaire et le rôle des acteurs non étatiques, les guerres commerciales, la lutte pour le contrôle des espaces communs (mer, air, spatial et numérique), les migrations et le choc des identités, le réchauffement climatique, et la paralysie de l’Europe. 

Les conflits actuels échappent souvent aux grandes puissances et les références identitaires, ethniques, religieuses, se sont substituées aux oppositions politiques et idéologiques.  Ils fusionnent le social et le politique, s’appuient sur des humiliations ressenties, réactualisent le passé colonial, voire esclavagiste. Et, dans un monde globalisé, ils peuvent susciter une attractivité très forte et s’internationalisent facilement. Leurs causes, souvent très locales, se conjuguent alors aux processus de désintégration institutionnelle pour alimenter des guerres civiles internationalisées.

Les effets du réchauffement climatique sur tous les continents s’avèrent plus dévastateurs encore pour la survie de populations démunies et fragiles qui subissent les conséquences aggravées de phénomènes météorologiques extrêmes, des conflits[1] pour l’accès au foncier et aux ressources, la destruction de leurs moyens de subsistance, les capacités limitées et l’incurie des Etats pour y faire face qui entraînent migrations et contribuent au développement des réseaux terroristes.

De l’extraction des ressources minières en Afrique aux expérimentations de nouvelles formes de « capture » et d’ubérisation du travail des migrants en France, un continuum d’exploitation s’est instauré où exploiteurs et exploités sont toujours les mêmes. Ainsi, l’injustice sociale et l’incurie climatique et environnementale forment les deux faces d’une même logique d’exploitation de l’humain et du vivant, sur l’ensemble de la planète.

Au-delà d’une politique d’accueil digne, humaine et solidaire essentielle, les exilés nous interrogent sur les mobilités et évolutions du monde. Les migrations sont le symptôme des dérèglements qu’ils soient politiques, économiques, sociaux ou climatiques.

Le nécessaire dépassement du productivisme doit prendre en compte les niveaux de développement des différents pays, les besoins des populations, et s’appuyer sur leur histoire, leurs évolutions, leurs expériences, leurs stratégies et demandes légitimes.

Cependant, face aux défis cruciaux, le plus inquiétant réside dans l’incapacité quasi universelle à y répondre. La tendance mondiale au nationalisme, au populisme et au repli sur soi, l’exacerbation des identités, l’utilisation de la diplomatie à des fins intérieures, la cécité face aux changements climatiques, mettent en danger la planète comme ses habitants.

L’Europe a perdu tout pouvoir d’influence en raison de son incapacité à agir en commun, mais les clivages qui la fracturent font douter de sa propre existence. Les questions de son évolution, de ses valeurs, de ses objectifs, modalités d’action, alliances, mais aussi son fonctionnement et son organisation méritent débat.

Quant à la France, elle oscille entre déni de la réalité, postures et reniement de ses valeurs, recherche d’une grandeur passée et repliement sur des intérêts économiques à courte vue, sans analyse globale ni vision stratégique.

  • Une stratégie multilatérale pour la paix

Apparu au XVIIIème siècle et mis en œuvre progressivement à partir de la première guerre mondiale, le concept de multilatéralisme a laissé la place à la loi du plus fort.

Les échecs successifs du « système international », son impuissance face aux crises économiques, financières, géopolitiques, et le rejet des principales puissances mondiales et régionales, des Etats-Unis à la Chine, en passant par la Russie, l’Inde, la Turquie ou le Brésil, d’un cadre multilatéral au profit des rapports de force et d’un nationalisme agressif, ont mis à bas toutes les instances dont l’objectif de « gouvernance mondiale » visait à préserver un certain équilibre du monde.

La crise profonde et globale de gouvernabilité face aux enjeux économiques, sociaux, écologiques et démocratiques appelle une vision d’un avenir commun. C’est ainsi qu’il convient de renouer avec l’humanisme et l’universalisme traditionnellement portés par la gauche et de définir tout projet de transformation de la société à partir des intérêts communs de l’humanité, dans une logique de solidarité et de rassemblement pour affronter les défis cruciaux. En réponse aux attentes des populations, en France, en Europe et dans le monde, il s’agit de dessiner un futur qui pense l’usage de la planète comme un usufruit commun et renouvelle les modalités de justice sociale, de solidarité, de démocratie, de droits de l’homme, de communauté internationale.

Pour cela il faut  un  nouvel  ordre politique et social qui soit différent de la notion d’Etat-nation, laquelle prétend au monopole de l’exercice du pouvoir et de la force sur un territoire donné.  Il convient de conjuguer arrêt des violences, consolidation des systèmes politiques, développement économique et social, intégration des populations, amélioration des conditions de vie, sinon par la participation active des sociétés civiles à la réconciliation et aux choix politiques.  

 

[1] On estime à 500 000 le nombre de victimes des « guerres climatiques » d’ici 2030

 

Propositions de débat

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