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  mardi 11 février 2020
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La chasse en France

Des armes dans la nature

Chaque année, 1,5% de la population envahit et monopolise nos collines, nos champs et nos forêts. En effet, l’automne sonne chaque année l’ouverture de la chasse en France et ce n’est pas moins de 15 millions de randonneurs, 2 millions de cavaliers auxquels il faut ajouter les promeneurs adultes et enfants, les cueilleurs de champignons, les amateurs de photographies de nature et les sportifs qui sont privés d’exercer leur activité sans risquer une atteinte à leur intégrité physique causée par moins de 1,2 million de chasseurs pratiquants.

Le sentiment d’insécurité de ces usagers n’a rien d’exagéré quand on sait que le permis de chasse, validé après un examen et une visite médicale, est délivré à vie sans plus aucun contrôle médical ou alcoolémique. D’autant que 29 % de ces chasseurs ont plus de 65 ans dont 10 % plus de 75 ans et que pour ces derniers, les permis délivrés sur simple inscription dans leur mairie ont été transformés en permis nationaux en 1974 par un simple formulaire !
(Source ONCFS).

Le climat régnant dans nos espaces naturels en période de chasse n’a rien de rassurant : détonations, cris, aboiements, allées et venues des 4*4 auxquels s’ajoutent les panneaux menaçants « danger », « chasse en cours » ou encore « tir à balles ». 84 % des personnes interrogées selon un sondage IPSOS de 2018 pour One Voice estime que la chasse pose des problèmes de sécurité lors de promenades dans la nature.

Le permis de chasse peut être obtenu dés l’âge de 16 ans et le gouvernement a divisé son tarif par deux (passant de 400 à 200 euros) et autorisé l’ajout d’un silencieux sur les armes à feu, ce qui accroit le sentiment d’insécurité des Français. 21 millions d’euros, c’est le manque à gagner de la baisse du prix du permis de chasse national, le budget de l’actuel ONCFS est donc amputé 17,5 %. 42 postes d’agents ont été supprimés en 2018 et 38 en 2019 dans cet établissement public qui s’occupe notamment de la police de l’environnement, donc veille au respect de la réglementation et lutte contre braconnage.

En ce début de saison 2019/2020 le Sénat vient de valider le délit d’entrave à la chasse, nous y voyons encore une faveur aux chasseurs contre les écologistes et activistes. La fusion de l’Agence française de la biodiversité (AFB) avec l’office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) lie désormais chasse et biodiversité, même si les représentants de la Fédération nationale des chasseurs, des fédérations départementales des chasseurs et de la Fédération nationale de la pêche et de la protection du milieu aquatique ne représenteront que 10 % des membres du conseil d'administration. L’action 44 du Plan Biodiversité présenté en Juillet 2018 par Nicolas Hulot évoquait la mise en place d’une "gestion adaptative des espèces chassables". Or, dans le Projet de loi créant l’Office Français de la Biodiversité, le terme "chassables" a disparu, ce qui laisse penser que la chasse de nouvelles espèces pourrait être autorisée au simple prétexte que leurs populations se porteraient mieux que les autres.

La France détient le triste record des accidents ; 3000 depuis l’année 2000 dont 400 mortels (Source : Europe Ecologie Les Verts) ;
Pour la saison 2018/2019, 150 accidents ont été référencés par les associations et 131 dont 7 mortels selon l’ONCFS. Les accidents sur les animaux domestiques ne sont pas comptabilisés, mais ils engendrent des drames auprès des propriétaires de chiens, de chevaux, d’ânes et autres.
La France a également le « privilège » d’avoir la plus longue saison de chasse pouvant aller de 7 à 11 mois en y ajoutant les extensions, les dérogations et les tirs autorisés par arrêtés préfectoraux pour régulation et contre les animaux susceptibles d’occasionner des dégâts (anciennement appelés « nuisibles »).

La France arrive encore en tête en ce qui concerne le nombre de jours de chasse par semaine puisque nous sommes un des seuls états en Europe à l’autoriser 7 jours sur 7 ! Ne laissant aucune possibilité de partager campagnes et forêts avec les non chasseurs. En France, comme dans tous les pays européens, les habitants sont majoritairement pour un arrêt de la chasse le dimanche. Selon un sondage IFOP 80 % le réclament.




Les chasseurs, premiers écologistes de France ?

La gestion de la biodiversité par les chasseurs : une énorme mascarade voire une escroquerie ! Voici la réalité :

Sur 35 à 45 millions d’animaux tués chaque année à la chasse 1 sur 4 est issu d’élevage. Une enquête de l’ASPAS avait déjà démontré l’étendue de l’élevage des faisans. Sur le territoire, quelque 1 500 structures élèvent du petit et gros gibier : perdrix grises et rouges (5 000 000), les canards colverts (1 000 000), lièvres (40 000), lapins de garennes (100 000), cerfs (15 000), daims (22 000), chevreuils (7 000), mouflons (2 500). Des millions d’animaux élevés et relâchés afin d’être… tués ! (Source : SNPGC & ONCFS)

Des enclos de chasse permettent de chasser toute l’année les animaux de son choix contre rémunération. Les chasses "traditionnelles" autorisent des pratiques cruelles abolies par la plupart des pays Européens qui ne sont pas sélectives (pouvant donc porter atteintes à des espèces protégées, des animaux domestiques…) comme le piégeage à la glue, à la matole ou la capture des oiseaux à l’aide de filets et collets. Ceci a un impact néfaste sur la biodiversité et montre que la chasse reste avant tout un « loisir ».

La chasse à courre, mode de chasse archaïque et violent qui induit du stress chez les animaux pourchassés, est pratiquement interdite partout en Europe (sauf sous des formes inoffensives en Allemagne – la schleppjad - et en Angleterre – le drag hunting - avec un leurre artificiel) mais pas en France. Le délit d’entrave à la chasse voté par le Sénat est d’ailleurs un moyen de protéger le droit à ce mode de chasse.

Le droit de détruire des animaux qualifiés de nuisibles, renards, belettes, martres et blaireaux dépend d’une liste établie par le ministre compétent après l’avis du très partial ONCFS dirigé par les chasseurs eux mêmes. Lorsque la chasse est terminée, les chasseurs peuvent donc prolonger leur appropriation de la nature alors que les biologistes s’accordent à affirmer l’incontestable utilité des animaux dits « nuisibles » dans la lutte de la maladie de Lyme. Les prédateurs, consommant un nombre très important de petits animaux (des milliers de rongeurs par an pour un renard) et régulent ainsi la prolifération des tiques.

Le droit de tuer des espèces protégées en Europe (ayant entraîné des condamnations européennes) en accord avec le gouvernement et des espèces, qui même si elles sont en déclin restent chassables comme le lapin de Garenne, le putois d’Europe et une trentaine d’espèces d’oiseaux comme la Tourterelle des bois, l’Huitrier Pie, le Courlis Cendré.

Aujourd’hui en France, 64 espèces d'oiseaux sont chassables, un record en Europe. Pourtant, 19 d'entre elles sont menacées à l'échelle européenne. Près de 100 000 Tourterelles des bois sont tuées chaque année en France, alors que ses effectifs ont chuté de 44% en 10 ans dans notre pays et de 80% en 35 ans en Europe.

Sous la pression de leur lobby, les chasseurs ont obtenu des autorisations d’abattage d’oiseaux migrateurs pendant leurs déplacements et d’oiseaux en période de fécondation alors que cela avait toujours été interdit en France.

Des actions ont d’ailleurs été lancées en ce sens, en avril, la Ligue pour la Protection des Oiseaux a porté plainte contre l’État français auprès de la Commission Européenne. En autorisant la chasse à la glu, le prolongement de la chasse aux Oies cendrées en février et la chasse d’espèces menacées, la France manque à ses obligations de protection de l’avifaune au regard de la Directive Oiseaux.

Enfin les « premiers écolos de France » laissent dans la terre 14000 tonnes de plomb, sans compter le plastique et l’acier qui composent respectivement le tube et le culot de la cartouche. En effet, l’accumulation de plombs dans la nature contamine les ressources en eau. La concentration de métal lourd est parfois dix fois supérieure aux valeurs réglementaires dans les formations géologiques poreuses proches des champs de tir. Rappelons que le plomb est un puissant neurotoxique s’accumulant dans l’organisme à tous âges de la vie. L’exposition des utilisateurs des sites de chasse à travers l’eau de source ou la cueillette de champignons par exemple, n’a, semble-t-il, jamais été évaluée.


La régulation

« [La chasse est] une pratique cynégétique dont la soi-disant utilité comporte une succession de contradictions et d’aberrations recouverte d’un vernis écologiste validé par l’état ». (Pierre Rigaux)

Les réserves naturelles nationales ou régionales, conçues comme des hauts lieux de protection de la nature et de la faune sauvage, ne sont pas pour autant des lieux de vie paisibles pour les animaux sauvages. La chasse y est parfois autorisée avec l’aval des gestionnaires pour des raisons de régulation.

D’après Pierre Rigaux, naturaliste et biologiste, il n’y a aucun impératif à vouloir réguler la faune sauvage aujourd’hui et vous ne trouverez aucun biologiste pour affirmer le contraire. En réalité, beaucoup d’espèces sont en déclin. Il est important de noter que l’extraordinaire croissance des sangliers est due aux chasseurs eux-mêmes qui, pour disposer de gibier abondant dans les années 80, ont relâché dans la nature des sangliers croisés avec des cochons, favorisant des portées fréquentes et plusnombreuses, une pratique aujourd’hui interdite.

Le gouvernement a doublé le nombre de tirs autorisés de loups, ce qui permet d’abattre près d’une centaine de loups en un an sur environ 500 individus en France, soit 1/5ème de la population ! Pourtant, des études scientifiques montrent que les tris sont contre-productifs et qu’il faudrait se concentrer sur une amélioration de la cohabitation avec cet animal.

La méconnaissance de la faune sauvage, les données lacunaires concernant le nombre d’animaux abattus pour les 90 espèces chassables, les tableaux de chasse introuvables et les inventaires dressés par les chasseurs eux-mêmes sont autant d’indices qui nous permettent de douter des données. Cette activité manque de transparence. Des animaux sont chassés et piégés sans connaître leurs effectifs : c’est ainsi que des tirs de renards et blaireaux sont régulièrement autorisés par arrêtés préfectoraux sans que personne ne dispose d’aucun chiffre sur les effectifs restants et éliminés.


La réglementation de la chasse doit être revue et corrigée de toute urgence

Il convient de ne pas tomber dans la légende de « la chasse loisir », symbolisée par une grande enseigne de sport qui vend dans ses rayons des articles de chasse au même titre que des équipements de football ou de randonnée.

En tant que mouvement écologiste, nous espérons qu’un compromis soit discuté et voit le jour afin de protéger la biodiversité en péril. Nous souhaitons redonner à tous le droit de se rendre dans la nature sans s’exposer à un accident, et pour ce faire il sera essentiel de cesser les actes de cruauté intolérable et moyenâgeux.


En conclusion nous demandons en urgence et comme la plupart des mouvements, associations et partis politiques écologistes :


- L’abolition de la chasse des espèces menacées d’extinction ou des espèces protégées par des lois européennes.
- L’interdiction de chasse dans les espaces protégés (parcs et réserves).
- L’arrêt et interdiction de la chasse en enclos.
- L’interdiction de chasser du gibier d’élevage.
- L’abolition immédiate de la chasse à courre et des chasses dites traditionnelles ainsi que de la vénerie.
- La prise en compte de la souffrance animale dans les pratiques autorisées.
- L’interdiction de chasser en période de reproduction.
- La suppression du statut d’animaux susceptibles d’occasionner des dégâts (anciens nuisibles) afin de reconsidérer le rôle écologique de chaque espèce et de respecter les équilibres naturels.
- Deux jours sans chasse (le dimanche et le mercredi) et des espaces sans chasse pendant les vacances scolaires.
- Multiplier les zones de forêt sans chasse.
- L’interdiction totale (et pas seulement dans les zones humides comme aujourd’hui) de l’utilisation de munitions au plomb.
- L’instauration de tests d’alcoolémie aléatoires auprès des chasseurs in situ, sous l’égide de la gendarmerie nationale.
- Une visite médicale et un contrôle de vue annuel obligatoires pour les chasseurs licenciés.
Origine de la proposition
au nom d'un Comité Thématique
Génération.s Biodiversité
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il y a plus d'un mois
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#383
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Oui j'adhère à vos réflexions.
Afin de responsabiliser un peu plus les chasseurs (non seulement sur la connaissance des espèces, la pollution suite au rejet de leurs cartouches ou cigarettes entre autres, la maltraitante de leurs chiens de chasse, sur la sécurité des autres en balade,...) -et éviter en effet que la chasse soit considérée comme un passe-temps loisir- le seul moyen est d'augmenter leur licence (à plus de 2000€ annuel), de renforcer les contrôles d'alcoolémie et de vue (à effectuer dans des lieux dédiés à la chasse contrôlés par l'Etat où leurs matériels seraient disponibles uniquement dans ces lieux et non plus dans les boutiques de sport) et régulièrement leur faire passer un examen "connaissance de la nature" et "civisme" afin que ces chasseurs connaissent mieux le monde qui les entoure.
Merci de votre attention.
Origine de la proposition
à titre individuel
Sophie Thibault
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