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La culture ou le rapport indispensable aux savoirs

Ce « Groupe Culture » est né suite au constat que la culture était la grande oubliée des débats politiques. La gauche, qui historiquement avait toujours soutenu la culture, n'a pas su ou voulu en faire un axe fort de ses derniers programmes.

Cela est si vrai, que lorsque la plateforme du "Conseil citoyen" fut lancée le 21 février 2017 pour la campagne de Benoît Hamon, 9 thèmes étaient proposés à la réflexion avec en grande absente : la culture ! A moins d'une semaine de la fermeture de la plateforme et après de nombreuses critiques, le 1er mars, la culture était ajoutée comme 10e thématique, donnant place à des commentaires cyniques : "Remercier les gestionnaires du site pour la création de la section Culture ! [...] Après avoir réclamé une section Culture à corps et à cris, il va falloir maintenant l'enrichir en moins d'une semaine... (JBD)". Pourquoi la gauche n'arrive-t-elle plus à se saisir de la thématique culturelle ?

La scission entre culture, socio-culturel et éducation a peut-être amené à minorer les effets de certaines politiques. Les gauches ont peut-être aussi le sentiment d'avoir en partie échouée en matière de démocratisation culturelle. Pourtant, les enjeux sont toujours aussi grands car la culture renvoie à notre rapport aux savoirs et à la connaissance.

Plus que jamais, la culture nous semble être essentielle à tout projet de vie en société et à la vitalité démocratique, car les lieux culturels sont les plus puissants espaces de débats, de rencontres, d'ouvertures et de stimulations de l'esprit. Au même titre que l'éducation, la culture est un ciment à partir duquel l'individu peut faire corps au sein d'un ensemble. Elle crée les moyens de l'émancipation de l'individu par le développement de son sens critique au travers notamment de la rencontre avec l'art. Elle apporte aussi de la beauté au quotidien.

C'est pourquoi, nous considérons que l'Etat doit retrouver toute sa capacité d'intervention dans le domaine culturel en accompagnant et soutenant les créateurs, en renforçant le tissu artistique et culturel du pays. Grace à l'éducation artistique également, en installant la culture comme un élément central du développement de chaque individu. Comme le disait si bien Jack Ralite : « Il faut mettre fin à la mise sous tutelle des affaires de l'esprit par l'esprit des affaires ».

1. La culture n'est pas un luxe ! 

Nous souhaitons réaffirmer que les arts et la culture sont un projet de société, que les politiques culturelles ne sont ni un privilège ni un luxe, qu'elles sont fondamentales et nécessaires : elles doivent donc retrouver leur place dans les débats médiatiques et politiques.

Les lieux culturels sont des espaces de savoir, de vie, d'échanges, de débats, de mixité, ils doivent être protégés, animés et développés. Ce sont des lieux d'émancipation et de liberté. Cela renvoie au droit à la culture, au service public culturel et à la décentralisation.

A. Du Droit à la culture vers un vrai service public culturel

La culture est un droit, comme le rappellent de multiple textes français et internationaux : Déclaration de Mexico sur les Politiques Culturelles (1982), Déclaration des Droits de la Culture (Paris, 1987), Déclaration de Fribourg sur les Droits culturels (2007), etc. C'est pourquoi nous souhaitons affirmer, construire et solidifier le service public culturel. En cela, nous sommes pour un investissement à 1% du PIB, voire même au-delà, objectif que portait le programme présidentiel de Benoît Hamon. Nous considérons également que cet investissement passe nécessairement par l'impôt.

La culture n'est pas une marchandise ! Elle ne doit pas, au même titre que l'éducation, s'appréhender par l'unique spectre économique. C'est dans ce sens que nous déplorons la disparition de plus en plus systématique des subventions de fonctionnement au profit des subventions par projet. Ces financements par projet, forcément parcellaires, tuent le secteur associatif qui se retrouve dans une instabilité permanente et perd bien souvent du temps en montage de dossiers financiers, au détriment du cœur de son objet et de son lien aux populations locales. Cela va sans dire que l'ensemble du secteur culturel est également impacté par cette pression au projet, qui nuit très directement au travail de long terme. Il faut sortir des critères purement quantitatifs inadaptés à l'objet culturel et à ses impacts.

Par ailleurs, l'argent privée et la"philanthropie" des mécènes ne peut pas devenir l'arbitre des politiques culturelles. L'Etat et les collectivités nous incitent de plus en plus à construire des projets culturels à l'aide du mécénat, mais cela n'est pas sans conséquence. Le mécénat donne lieu à des déductions fiscales, donc à de l'argent en moins pour l'Etat. Les décisions en matière culturelle sont donc progressivement transférées du politique vers les entreprises, sans économie massive pour l'Etat. S'inscrire dans cette logique revient à valider l'idée que la culture est un marché, ce qu'illustre parfaitement le naming de plus en plus fréquent. Ces nouveaux moyens de lever des fonds privés posent très directement la question de l'indépendance des contenus et de la marchandisation du patrimoine comme de la culture. Il faut cesser de déguiser le désengagement politique en matière culturelle et réinvestir les potentialités culturelles.

B. Du Droit à la culture vers une vraie décentralisation

Pour réaliser l'idéal d'un grand service public culturel, il faudra mettre en œuvre des outils dans toutes les collectivités afin d'avoir un maillage culturel fort dans plusieurs domaines. De nouveaux réseaux pourraient être pensés, comme l'avait été par le passé les Maisons de la culture et les MJC.

Cette décentralisation va de pair avec le maintien des politiques de démocratisation culturelle. Certains voudraient nous faire croire son échec, car elle n'a pas fait disparaître certains déterminants sociaux discriminants relatifs aux pratiques culturelles. Pourtant, les innovations et les réussites en matière de démocratisation culturelle sont innombrables : la démocratisation culturelle permet sans conteste d'amoindrir les barrières effectives et symboliques d'accès à la culture.

L'égalité passe aussi par une proximité et une accessibilité aux créations. Nous voudrions favoriser les œuvres itinérantes, encourager les échanges entre les territoires, en d'autres termes, réaffirmer le fait que la culture est un droit.

2. Les Idées, projets et réformes à porter

Les points proposés ci-dessous sont loin d'être exhaustifs et méritent souvent d'être approfondis. Dans cette note, nous aurions notamment encore voulu parler de francophonie, de patrimoine, d'industrie culturelle, de diversité culturelle et d'exception culturelle, ainsi que d'autres thématiques tout aussi fondamentales.

A. L'Education artistique et culturelle

Sans conteste, l'éducation artistique et culturelle doit rester un objectif permanent, une perspective qui été bien exprimée dans le programme présidentiel de Benoît Hamon.

La stimulation des imaginaires, l'approche du sensible et le goût des arts sont des éléments qui comptent dans la formation des individus et qui se cristallisent en partie à l'âge adolescent. De nombreuses initiatives sont déjà à l'oeuvre dans de nombreux territoires, comme les résidences d'artistes in situ dans les établissements scolaires.

Miser sur l'éducation artistique et culturelle, c'est aussi redonner toute leur place aux associations, notamment aux réseaux d'éducation populaire, dans l'action culturelle comme pour les pratiques amateurs.

B. La création

Pas de culture sans création, c'est pourquoi des espaces propices à la création et sa pérennité doivent être créés. Dans ce sens, la proposition de créer des Fabriques de culture nous semble être une initiative répondant totalement à ce besoin, qui plus est dans une logique pluridisciplinaire et une garanti de la liberté d'expression.

Par ailleurs, tel que le proposait le programme présidentiel de Benoît Hamon, il nous semble juste que le statut de l'artiste soit travaillé, notamment pour offrir une plus grande protection aux artistes ne bénéficiant pas de l'intermittence.

Ce statut qui a été de nombreuses fois modifié (pour ne pas dire rabougri) doit être revu. Si la dernière réforme sous le quinquennat Hollande a permis de corriger certains travers datant de 2003, les logiques libérales demeurent. La recherche de l'équilibre budgétaire à tout prix doit être abandonnée. Nous souhaitons porter un statut plus favorable pour les intermittents, notamment concernant les jours de carence, les congés et la gestion de leurs droits. Nous souhaitons avoir un cadre légal plus fort pour contrôler les dérives des sociétés de production et affronter les nouvelles problématiques posées notamment par l'auto- entreprenariat et le portage salarial. C'est un préalable nécessaire à la revalorisation de la culture et au bon maillage territorial.

C. La gratuité

Le rapport marchand à la culture doit être revu pour permettre au plus grand nombre d'accéder aux biens et espaces culturels, qui plus est à l'aune de l'évolution des usages et du monde culturel.

La culture à la portée de tous n'est pas encore une réalité. Tout en étant conscients que l'accès à la culture n'est pas seulement entravé par le prix du ticket d'entrée, nous considérons que la gratuité permet d'appréhender différemment l'objet culturelle et ce dans un temps et un état d'esprit moins contraints. Le Louvre,la BPI et de très nombreux autres musées ou espaces culturels proposent des offres culturelles gratuites, tout comme le sont les collections permanentes des musées londoniens.

La Gauche, et pas seulement, doit s'emparer des nouvelles questions liées à l'évolution des usages. Le basculement progressif d'une logique de propriété vers une logique d'usage (streaming par exemple) peut être un progrès en soi, car l'accès peut sembler simple, mais il appartient au politique de réguler ses effets et de combattre ses dérives, notamment pour permettre aux artistes d'avoir une rémunération décente pour leurs créations. La massification de la culture ne doit pas profiter exclusivement aux acteurs privés.

Le téléchargement a brisé un faux tabou sur le prix de la propriété culturelle. Il est souhaitable de se reposer la question de la licence globale (redevance) et de sortir de la logique punitive type Hadopi.

D. Les temps culturels

Nous voulons de la culture pour tous et tous les jours ! Que chacun ait le temps de se nourrir l'esprit de beauté, d'art, de culture. Que nous puissions vivre nos passions et apprécier sincèrement et pleinement nos temps libres. Que nos loisirs soient synonymes de stimulations créatives et non de temps marchand perdu. Que nous ne puissions plus jamais entendre dire mécaniquement : "je n'ai pas le temps"...

Nous ne sommes pas favorables à l'ouverture des centres commerciaux le dimanche, qui plus est dans la logique d'une société toujours plus consumériste que rien ne doit réfreiner. Les individus doivent avoir des temps libres communs à tous pour pouvoir échanger et partager.

C'est pourquoi, il faut pouvoir offrir des espaces alternatifs capables de favoriser ces rencontres entre les individus, et quoi de mieux appropriés que les espaces culturels, ces lieux de vie et de liens sociaux.

Dans cette logique, nous estimons nécessaire de travailler la question des horaires d'ouverture des lieux culturels, notamment autour de l'élargissement des horaires d'ouverture en soirées et en week-ends. Ainsi, nous pensons pouvoir réduire les inégalités d'accès et faire de ces structures culturelles de véritables lieux de fréquentation, régulière et intergénérationnelle. Cette réflexion doit être corrélée à une politique des temps libres quasi-totalement abandonnée aujourd'hui. Sur ces questions, l'opportunité du revenu universel nous semble pleine et entière.

Bien entendu, ces lieux culturels peuvent par ailleurs être fermés d'autres jours de la semaine, comme cela est déjà le cas pour les musées le mardi. Par ailleurs, le travail le dimanche ne peut en aucun cas être obligatoire et doit donner accès à des conditions salariales privilégiées.

E. Les Médias et l'accès à l'information

Dans un monde en pleine révolution numérique, l'accès à l'information et son décryptage, la notion de subjectivité, de partialité et le rapport à l'immédiateté se posent directement à nous. La défiance à l'égard des médias traditionnels fait partie des signes qui montrent que notre démocratie est malade. C'est pourquoi, une éducation aux médias nous paraît indispensable.

Il est également urgent et primordial de lutter contre la concentration des médias. Elle s'est accélérée ces dernières années, notamment avec la constitution de grands pôles de presse et de médias. Ces groupes menacent directement le pluralisme et accroissent le besoin d'audience, impactant in fine les contenus.

C'est également par le renforcement du service public audiovisuel que les médias seront de meilleurs acteurs en faveur de l'idéal culturel que nous portons. La pression à l'audimat ne peut pas être le moteur de toutes les programmations. Nous reprenons à notre compte la formule d'Antoine Vitez, "élitaire pour tous", pour le dire autrement, l'accès au meilleur pour tous.

F. Le numérique

L'immense espace offert par Internet et les nouvelles technologies doit être pensé par la force publique. Le numérique n'est pas le graal, c'est un outil récent et aux potentiels divers, mais cela doit rester un outil et non l'angle unique d'approche.

Par ailleurs, le numérique ne peut s'isoler des questions marchandes et environnementale : son accès à un coût (internet, smartphone, ordinateur, etc.) et une obsolescence.

 La Culture : l'étincelle d'une démocratie active et participative !

 Les arts et la culture témoignent de nos sociétés, de leurs maux, de leurs idéaux. Les espaces culturels sont des lieux de confrontation des idées, de stimulations intellectuelles. Véritables outils d'expression, les arts permettent de faire vivre les débats et réveillent en nous des réactions, des rêves, des engagements. La culture est un chemin vers une démocratie épanouie et active, elle doit donc être au cœur de nos projets de demain !

Type de publication

    • Position G.s
 

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