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Une alimentation locale par tous et pour tous

Pour faire face aux multiples crises que subit notre modèle agricole et à travers lui notre société toute entière nous défendons à Génération.s une agriculture agro-écologique et paysanne. Dans un précédent document nous avions développé en quoi ce renversement des pratiques était nécessaire et possible. Mais nous pensons qu'un modèle agricole agro-écologique et paysan ne peut exprimer son plein potentiel que dans le cadre d'une relocalisation de l'alimentation. Il s'agit de la dernière pierre de la construction d'un nouveau paradigme alimentaire qui permettra d'entamer une véritable transition alimentaire. Cette révolution agricole et alimentaire est également l'opportunité pour tous les citoyens de participer enfin à la gouvernance de nos politiques alimentaires qui nous concernent tous. 

Une alimentation re-territorialisée 

En moyenne, une denrée alimentaire parcourt 2 400 km de la fourche à la fourchette, le chiffre de 24% des émissions de gaz à effet de serre produits par l'agriculture passe à 36% si on considère la production plus le transport des aliments. Une situation complètement ubuesque, fruit d'un système alimentaire mondial opaque. Nous optons au contraire pour la mise en oeuvre de systèmes alimentaires territorialisés, un vrai changement de paradigme alimentaire. Les territoires doivent devenir nourriciers et tendre vers l'autonomie alimentaire, pour réduire les émissions de CO2 liées au transport, pour encourager l'économie locale et pour, enfin, redonner du sens à notre alimentation. Évidemment, tendre vers l'autonomie alimentaire ne veut pas dire viser l'autarcie et il est important que les territoires s'appuient sur les interactions qui les lient et continuent à échanger en fonction de leurs spécificités.
Le chemin vers la mise en place de ces systèmes alimentaires territorialisés passe par un action d'un bout à l'autre de la chaîne d'approvisionnement. D'abord sur la production, il faut réinstaller une véritable agriculture de proximité nourricière. C'est-à-dire privilégier l'agriculture diversifiée agro-écologique destinée à nourrir l'homme plutôt que la monoculture chimique destinée à nourrir les animaux, à faire tourner l'industrie ou à l'export. Les circuits courts doivent prendre de l'ampleur pour mettre en relation directe agriculteurs et consommateurs, pour que les premiers puissent être rémunérés correctement par leur travail et retrouver du sens à leur activité. Une forme de commerce équitable local en somme. Nous militons également pour la réinstallation des ceintures vertes maraîchères autour des villes. Mais aussi la reconquête d'espaces verts au cœur des cités afin que la végétalisation nourricière urbaine et les jardins collectifs puissent avoir toute leur place. S'ils ont une fonction alimentaire, ils ont surtout une fonction sociale car ils apprennent à vivre et travailler ensemble, et pédagogique car ils permettent de nous reconnecter avec notre alimentation.
La restauration collective a un rôle fondamental à jouer, il s'agit du levier principal dont disposent les collectivités territoriales pour encourager l'existence de productions agricoles respectueuses de l'environnement et destinées à une consommation locale ; c'est pourquoi nous nous positionnons en faveur d'une restauration collective bio et locale dans tous les territoires et à toutes les échelles. De nombreux exemples ont déjà prouvé qu'il ne s'agissait pas seulement d'une utopie mais bel et bien d'une réalité économiquement possible
Nous encourageons également la mise en place d'un maillage territorial agroalimentaire de proximité dans chaque bassin de vie. Abattoirs, moulins, unités de transformation, de production d'emballage, tout ce qui est nécessaire à l'alimentation des hommes d'un territoire doit être élaboré en son sein. Au delà des effets vertueux sur l'environnement, c'est également un moyen de créer de l'emploi non délocalisable et de l'emploi dans le cadre d'entreprises de l'économie sociale et solidaire type SCOP, SCIC, CAE, CIAP, SCAEC... (ESS chère à Génération.s). L'alimentation comme nouveau pôle d'attractivité des territoires !
Nous défendons la mise en place de filières locales de gestion des déchets qui permettent de créer des cycles agronomiques vertueux à l'échelle d'un territoire. Les déchets produits par l'alimentation revenant à l'agriculture locale pour la fertilité (compostage ) ou encore la production d'énergie (méthanisation…). Il s'agit de créer un véritable agrosystème à l'échelle de chaque territoire, avec de plus un changement de nos pratiques de consommation pour réduire considérablement le gaspillage alimentaire à la source (emballages…).
Passer du système alimentaire mondial aux systèmes alimentaires territorialisés aura également pour effet de protéger les paysanneries des pays du Sud. En effet, ce système mondialisé déverse dans les pays les plus pauvres des quantités massives de surplus agricoles venant des pays en surproduction, détruit les filières agricoles locales et donc nuit au droit à l'alimentation des populations des pays pauvres. Changer ici pour ne plus détruire ailleurs !

Le bien manger pour tous et par tous

La reterritorialisation permettra de soustraire le débat agricole et alimentaire aux experts et aux influences des lobbys. La démocratie participative est un enjeu important pour Génération.s et doit s'appliquer à l'agriculture et à l'alimentation. L'alimentation nous concerne tous et c'est pourquoi chaque citoyen doit avoir la possibilité d'être parti prenante de la politique alimentaire territoriale et nationale. Ainsi, une gouvernance participative et inclusive des systèmes alimentaires territorialisés nous semble fondamentale : elle regrouperait l'ensemble des acteurs de l'alimentation (agriculteurs, transformateurs, distributeurs) mais aussi les consommateurs en tant que citoyens-mangeurs, pour que l'alimentation aussi devienne un vecteur de citoyenneté !
Il existe déjà un certain nombre de dispositifs qui peuvent nous inspirer, comme par exemple les systèmes participatifs de garantie (SPG) notamment utilisés par les pionniers de l'agriculture biologique, "Nature et Progrès". Ceux-ci prônent la certification, non pas par une tierce partie (organisme certificateur) comme dans l'agriculture à label bio, mais par les agriculteurs, les transformateurs et les consommateurs eux-mêmes, qui deviennent les garants de la qualité des produits. De plus, en définissant ensemble le cahier des charges et les étapes progressives permettant d'améliorer les pratiques de chacun c'est un moyen de résoudre un des problèmes que rencontre actuellement l'agriculture biologique. En effet, l'offre locale biologique est souvent insuffisante face à la demande, ce qui aboutit à l'envie de tirer vers le bas les exigences du cahier des charges de la bio par exemple sur l'importation. La co-définition du cahier des charges permet également de considérer des critères sociaux et éthiques, qui manquent dans les certifications actuelles. Ce système de gouvernance original et innovant, bien qu'il soit développé et amélioré depuis plus de 50 ans par Nature et Progrès, se nourrit du lien créé entre agriculteurs, transformateurs et consommateurs.

Que serait l'agriculture que nous prônons à Génération•s, une agriculture agro-écologique et paysanne intégrée dans des systèmes alimentaires territoriaux, si elle n'était pas accessible à tous ? Cette alimentation ne peut rester l'apanage d'une seule classe sociale favorisée, les inégalités alimentaires nous sont tout aussi insupportables que toutes les autres inégalités !
La restauration collective apporte une partie de la solution. Vectrice d'égalité alimentaire en permettant à tous d'avoir accès à une alimentation saine et de qualité qui respecte les principes que nous avons développé dans ce document, elle doit aussi être, à nos yeux, le lieu de l'éducation du citoyen-mangeur.. Essentiellement pour apprendre aux enfants la valeur et l'importance qu'ont leurs choix alimentaires et de quelle manière ceux-ci impactent le monde qui les entoure. Elle permet aussi de leur donner des outils pour les inciter, plus tard, quelle que soit leur situation économique, à s'alimenter en respectant leur santé, l'environnement et les agriculteurs. Ces outils sont déjà en partie connus : éducation nutritionnelle, apprentissage des réalités agronomiques (saisonnalité…), apprentissage de la cuisine… Et bien d'autres sont à inventer !
Des enfants, il faut ensuite passer aux parents, aux adultes. C'est pourquoi nous proposons la mise en place d'aides pour les plus défavorisés destinées spécifiquement à l'alimentation, la mise en place d'épiceries bios solidaires, d'AMAP accessibles à tous grâce à des subventions publiques, de programmes de formation pilotes pour accompagner toutes les familles rurales et urbaines dans leur transition alimentaire.

D'aucuns pourraient dire que ce que nous proposons est utopique mais comme René Dumont le célèbre agronome nous pensons que nous en sommes au stade de "L'utopie ou la mort". De plus de nombreux exemples et initiatives prouvent d'ores et déjà partout en France et dans le monde que l'utopie devient déjà réalité.
L'agriculture a été au fondement de la création des sociétés humaines, nous pensons qu'elle peut aujourd'hui être la précurseuse de l'avenir désirable, d'une société de demain, plus juste, plus solidaire et plus écologique. Aux valeurs de compétitivité et de performance que le modèle capitaliste et libéral a voulu insuffler dans l'agriculture, nous opposons le sens et le lien, l'alimentation ne pouvant être envisagée comme un simple espace entrepreneurial ordinaire.
Le rôle du politique est de montrer la voie, de construire les outils pour accompagner la transition. Il lui faut de l'audace ! Une transition conduite par toutes et tous : paysans, transformateurs, entrepreneurs, collectivités, associations et citoyens. La transition alimentaire n'est pas seulement agro-écologique, paysanne et locale. Elle est aussi un premier pas vers la révolution citoyenne !

Type de publication

    • Position G.s
 

Commentaires 2

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Yves Contassot le vendredi 15 février 2019 13:26

Ce texte a également été produit par le comité Agriculture & Alimentation et non par le comité Villes et Territoires Durables

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Ce texte a également été produit par le comité Agriculture & Alimentation et non par le comité Villes et Territoires Durables
Yannis Administrateur le vendredi 15 février 2019 14:47

C'est corrigé.
Je vous prie de nous excuser pour cette erreur.

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