Le spectacle vivant, en tant que secteur d'activité professionnel (couvrant un champ assez vaste en terme territorial comme économique) est confronté à un ensemble de problématiques qui rencontrent les réflexions menées par Génération·s : rapport au travail et sens du travail, lutte contre les précarités, crise des financements et des services publics, place accordée à l'innovation…
Un panorama synthétique des enjeux qui traversent le secteur est utile pour comprendre en quoi un évènement tel que le festival d'Avignon peut représenter une caisse de résonnance pour les idées de Génération·s et creuser la réflexion sur la place de la culture dans la société et les pistes envisagées par le mouvement en termes de politiques culturelles.
• Qui dit festival d'Avignon pense… intermittence. Souvent abordée de manière réductrice par ses détracteurs, l'intermittence est (à tort) perçue, à gauche, comme l'alpha et l'oméga de l'accompagnement social des artistes ainsi que comme un étendard un peu « facile » (défendre la culture = défendre l'intermittence). Le système actuel comporte de graves manquements : inégalité d'accès au congé maternité et aux congés parentaux en général (cf. lutte des
« matermittentes »), non prise en compte des préjudices particuliers liés aux accidents du travail pour des métiers où le corps est souvent un « outil de travail », etc.
Si les spécificités des métiers du spectacle doivent être prises en compte dans le suivi social des travailleurs, l'intermittence ne peut être déconnectée des autres formes de travail précaire et/ou segmentée. Elle doit donc impérativement s'inscrire dans une réflexion globale sur les emplois fragiles ou morcelés. Les luttes des intermittents sont trop souvent apparues comme corporatistes et ont menées à cette (fausse) impression de « privilèges ».
• Le statut des auteurs (et, plus largement, des créateurs pour la scène) constitue également un point essentiel, à rapprocher, bien entendu, des débats actuels sur le sujet. La réflexion s'établit sur deux plans : au niveau opérationnel (quelle couverture, quelle protection, quel régime ?) et au niveau global (quelle place et quelle rémunération pour le travail intellectuel ?).
• Ces deux questions s'inscrivent dans un contexte de précarisation généralisée des métiers du spectacle (particulièrement hors intermittence : production, communication, fonctions supports…). De nombreux emplois nécessitant des qualifications pointues sont pourvus en contrats aidés, les entraves au droit du travail sont nombreuses, les rémunérations ne cessent de faiblir et la précarité de grandir dans un contexte où les compressions budgétaires génèrent des situations de souffrance au travail inquiétantes dans toute la profession et, de façon plus marquée, dans le secteur subventionné. Comme dans d'autres domaines (associatifs, caritatifs, médical…) l'aspect « sacrificiel » du « métier passion » est extrêmement présent et la pression économique ne fait qu'accentuer le phénomène.
• A l'image de la société, le secteur du spectacle s'interroge de plus en plus sur les enjeux de l'égalité femmes/hommes et sur ceux de la diversité. Il s'agit aussi bien des responsabilités confiées aux femmes que de la diversité « socio-ethnique » des personnes visibles (artistes interprètes en particulier). A d'autres endroits du domaine culturel (dans l'audiovisuel, surtout), la question de la « représentativité » fait l'objet de réflexions autour de la question des quotas. Si cette approche peut (et doit !) être questionnée en tant que telle, il est important d'avoir à l'esprit que des réponses doivent être apportées à ces questions afin de préserver la vivacité, artistique et professionnelle, du secteur et de ne pas contribuer à sa déconnexion avec la société.
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