Notre conception de la protection sociale : Génération.s défend la protection sociale comme un dispositif, largement public devant permettre de protéger les citoyens et les travailleurs des aléas de la vie, par le biais d'un système de protection collective et non pas d'assurance individuelle. Qu'il s'agisse de faire face au risque de chômage, de maladie, d'accident, d'invalidité… notre système est d'autant plus résilient, efficace pour chacun.e et pour la société dans son ensemble que nous sommes nombreux à y participer.
Dans un système à prestations définies, la loi détermine à l'avance le mode de calcul de la retraite de chacun.e et même parfois un taux de remplacement (le rapport entre la retraite et le dernier salaire). Ce modèle conçoit la retraite comme un salaire continué. C'est le système dont nous avons hérité et que Génération.s défend à l'opposé du projet de réforme du gouvernement.Aujourd'hui, les retraites sont versées en direct, en temps réel par des cotisations sur les bulletins de paie des salariés en activité. Elles sont donc financées par ceux qui travaillent pour ceux qui ne travaillent plus. Ce n'est ni différé, ni mis de côté. Cette solidarité intergénérationnelle entre salariés, ne peut faire l'objet d'aucune spéculations, ni détournement. Et c'est bien cela qui gêne nos gouvernants actuels : ce ne sont pas de produits qui peuvent être cotés en bourse, ni vendus avec pertes et ou profits.
Le projet du Gouvernement est à l'exact opposé de cette définition de la protection sociale. Il vise à faire de nos cotisation des objets de spéculation, à nous rendre consommateur de cette protection comme nous sommes consommateurs des services de Uber ou Amazone, seuls responsables de nos cotisation et de notre avenir. Il définit les cotisations pour rendre les prestations variables afin de s'assurer que le système ne puisse plus être déficitaire suite à réduire les pensions.
Un projet budgétaire et non pas un projet de société :
- l'objectif à peine voilé du Gouvernement est de s'assurer que le budget complet des retraites reste sous la barre des 14% du PIB, afin de limiter la dépense publique et ce, au détriment des plus faibles : les femmes aux carrières hachées, les travailleurs ubérisés, les victimes de maladies longues, les fonctionnaires les plus faiblement payés (dans l'éducation, l'hôpital ou les services d'accueil du public) ect … la fin de la prise en compte des 25 meilleures années au profit de la prise en compte de la carrière complète sera un drame pour ces travailleurs dont elle réduira largement les pensions, malgré les "réajustements" prévus pour compenser ces difficultés dans le projet du gouvernement.
- La trajectoire prévue par le gouvernement va orienter le niveau de vie relatif des retraités à la baisse. À titre d'illustration les retraités d'aujourd'hui touchent en moyenne avant 63 ans une pension de l'ordre de 70% de leur dernier salaire (moins pour les cadres). Le rapport Delevoye prévoit un taux de remplacement de l'ordre de 50% en partant au même âge.
- En 2025, le système actuel de retraites a besoin de 11 milliard d'€ de plus pour répondre à tous les besoins, grandissants. Si le taux de cotisation retraite était augmenté de 0,2 point chaque année, ce serait finançable, tout en garantissant que le niveau des retraites ne baisse pas par rapport aux salaires, et que l'âge de départ reste à celui d'aujourd'hui.
L'incitation à la prolongation de carrière est un mythe : toutes les tentatives dans ce sens depuis les années 90 sont un échec : chaque fois, les pensions diminuent, mais la durée de cotisation ne s'allonge que marginalement. Les travailleurs sont épuisés : plus leurs retraites sont basse plus la durée de la retraite en bonne santé est faible.
Ce projet est profondément mensonger jusque dans cette perspective budgétaire qui a pourtant servi à l'élaborer :
- notre population vieillit nous ne sommes pas encore au pic du nombre de retraités qui devrait être atteint d'ici 2050 avec la disparition progressive des baby-boomers : d'après le rapport INSEE n°152 du 22/6/2017, au 1er janvier 2050, la France comptait plus de 20 millions de personnes de 65 ans ou plus, soit 8,6 millions de plus qu'en 2013. Cette population sénior augmenterait nettement plus que l'ensemble de la population : + 1,5 % en moyenne par an entre 2013 et 2050, contre + 0,3 %. Le vieillissement repose principalement sur l'arrivée aux grands âges des baby-boomers, nés entre 1945 et 1975. Ces générations sont nettement plus nombreuses que celles qui leur ont succédé. La hausse de la population de 65 ans ou plus resterait importante jusqu'en 2050, mais cet effet générationnel jouerait surtout au début de la période. Ainsi la hausse de la population des séniors passerait de + 2,5 % en moyenne annuelle entre 2013 et 2020 à + 0,6 % entre 2040 et 2050. La France compterait 12,1 millions de personnes âgées de 75 ans ou plus en 2050, soit 16,4 % de la population, contre 9,0 % en 2013.
- Plus les travailleurs sont âgés plus ils sont coûteux au sens de la sécu et des comptes publics : D'après la CNAM, entre 2013 et 2016, le montant des arrêts maladie a augmenté de 13,4% en raison de la présence plus importante de travailleurs de plus de 60 ans (soit passage de 6,6 à 7,1 milliards d'€), avec 76 jours en moyenne d'arrêt de travail pour les salariés de +60 ans (33 jours pour les autres).
- en mettant un terme à la solidarité intergénérationnelle le Gouvernement affaiblit notre capacité à faire société, ensemble.
- Reporter l'âge du départ en retraite revient à ne pas embaucher de jeunes en situation d'insertion professionnelle, à les laisser dans des dispositifs précaires.
- En exonérant les plus gros salaires de leur contribution à l'effort de solidarité nationale. Les salariées gagnant plus de 120 000 € brut/an (320 000€ actuellement), soit plus de 7800€ net/mois, ne cotiseront plus à la retraite publique pour les sommes dépassant ce montant, hormis pour une très faible cotisation de 2,81% de solidarité. Pour compenser la réduction de leurs pensions (moins de cotisation = moins de pension), les plus hauts salaires constitueront une épargne financière qui bénéficie grâce à loi Pacte récemment des meilleurs avantages fiscaux. Par cette mesure contraire à l'intérêt général, le Gouvernement :
- contredit sa promesse d'universalité du système ;
- fragilise notre système en se privant des revenus qui devraient abonder ;
- sape les fondements de la solidarité nationale qui veut que chacun contribue en fonction de ses moyens et soit aidé en fonction de ses besoins ;
- condamne le reste de la population à l'insécurité : si seules les classes moyennes et les plus pauvres dépendent de ce système, quelles sont les chances qu'il ne soit pas régulièrement remis en cause, revu à la baisse en fonction des aléas de la conjoncture ? des intérêt du pouvoir en place ?
- les riches vivent 9 années de plus que les plus pauvres à la retraite, en moyenne !
- Les plus belles années de retraites sont entre 60 et 65 ans, mais que ce sont aussi les plus dures années au travail.
- L'espérance de vie en bonne santé tend à reculer de 64 vers 63 ans, et c'est vers 55 ans que le travail est plus pénible physiquement et mentalement. C'est une réalité bien connu des employeurs, qui à partir de 55 ans n'embauchent plus, voire licencient.
Améliorer notre système plutôt que d'en changer :
Globalement notre système de protection social est à l'équilibre, sauf quand le gouvernement décide lui-même de faire des modifications comptables qui créent un déficit malhonnête! Nous voulons aller plus loin !
- Un minimum de pension permettant de vivre dignement et donc une revalorisation conséquente de l'allocation de solidarité aux personnes âgées (ASPA) ;
- Une prise en compte des meilleures années de rémunération et pas toute la carrière tant il devient difficile pour de plus en plus de salarié.es d'avoir une activité à plein temps et rémunérée tout au long de leur vie ;
- Un taux de remplacement digne et garanti ;
- La prise en compte de l'intégralité des primes ;
- La mise en place de la « taxe robot » sur la valeur ajoutée des entreprises obtenue grâce à l'automatisation.
- Suivant la logique du revenu universel nous considérons que chacun doit disposer d'une pension de retraite qui lui permettra non seulement de survivre mais de vivre, en disposant de moyens aussi proches que possible de ceux que lui procurait son travail.
- Ce n'est pas une utopie :
- un relèvement minimal des cotisations salariales et patronales permettrait à notre système actuel d'être durablement à l'équilibre !
- Pour faire mieux pour faire plus nous proposons aujourd'hui comme hier de taxer les robots qui remplacent aujourd'hui largement les travailleurs !
- Plutôt que de faire travailler nos anciens, faisons travailler les plus jeunes, qui sinon, restent dans des emplois précaires, mal payés, stagiaires…
- Augmenter les salaires, avoir une réelle politique de lutte contre le chômage et la précarité, stopper les réductions des fonctionnaires.
- Augmenter très légèrement les cotisations sociales patronales (d'abord) et salariales (0,1 ou 0,2%) lorsque ce sera vraiment nécessaire (pas avant 2025). Mettre un terme aux exonérations grandissantes de cotisation sociales patronales.
En complément :