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Position générale de Génération•s sur les mouvements sociaux sur les retraites de décembre 2019

Notre conception de la protection sociale : Génération.s défend la protection sociale comme un dispositif, largement public devant permettre de protéger les citoyens et les travailleurs des aléas de la vie, par le biais d'un système de protection collective et non pas d'assurance individuelle. Qu'il s'agisse de faire face au risque de chômage, de maladie, d'accident, d'invalidité… notre système est d'autant plus résilient, efficace pour chacun.e et pour la société dans son ensemble que nous sommes nombreux à y participer. 

Dans un système à prestations définies, la loi détermine à l'avance le mode de calcul de la retraite de chacun.e et même parfois un taux de remplacement (le rapport entre la retraite et le dernier salaire). Ce modèle conçoit la retraite comme un salaire continué. C'est le système dont nous avons hérité et que Génération.s défend à l'opposé du projet de réforme du gouvernement.

Aujourd'hui, les retraites sont versées en direct, en temps réel par des cotisations sur les bulletins de paie des salariés en activité. Elles sont donc financées par ceux qui travaillent pour ceux qui ne travaillent plus. Ce n'est ni différé, ni mis de côté. Cette solidarité intergénérationnelle entre salariés, ne peut faire l'objet d'aucune spéculations, ni détournement. Et c'est bien cela qui gêne nos gouvernants actuels : ce ne sont pas de produits qui peuvent être cotés en bourse, ni vendus avec pertes et ou profits.

Le projet du Gouvernement est à l'exact opposé de cette définition de la protection sociale. Il vise à faire de nos cotisation des objets de spéculation, à nous rendre consommateur de cette protection comme nous sommes consommateurs des services de Uber ou Amazone, seuls responsables de nos cotisation et de notre avenir. Il définit les cotisations pour rendre les prestations variables afin de s'assurer que le système ne puisse plus être déficitaire suite à réduire les pensions.

 

Un projet budgétaire et non pas un projet de société :

  • l'objectif à peine voilé du Gouvernement est de s'assurer que le budget complet des retraites reste sous la barre des 14% du PIB, afin de limiter la dépense publique et ce, au détriment des plus faibles : les femmes aux carrières hachées, les travailleurs ubérisés, les victimes de maladies longues, les fonctionnaires les plus faiblement payés (dans l'éducation, l'hôpital ou les services d'accueil du public) ect … la fin de la prise en compte des 25 meilleures années au profit de la prise en compte de la carrière complète sera un drame pour ces travailleurs dont elle réduira largement les pensions, malgré les "réajustements" prévus pour compenser ces difficultés dans le projet du gouvernement. 
  • La trajectoire prévue par le gouvernement va orienter le niveau de vie relatif des retraités à la baisse. À titre d'illustration les retraités d'aujourd'hui touchent en moyenne avant 63 ans une pension de l'ordre de 70% de leur dernier salaire (moins pour les cadres). Le rapport Delevoye prévoit un taux de remplacement de l'ordre de 50% en partant au même âge. 
  • En 2025, le système actuel de retraites a besoin de 11 milliard d'€ de plus pour répondre à tous les besoins, grandissants. Si le taux de cotisation retraite était augmenté de 0,2 point chaque année, ce serait finançable, tout en garantissant que le niveau des retraites ne baisse pas par rapport aux salaires, et que l'âge de départ reste à celui d'aujourd'hui.
La réforme des retraites comme réforme de régimes spéciaux honteusement avantageux ? C'est un mensonge : Les régimes dits « spéciaux », ne concerne que 3% des situations. cela ne peut justifier la remise en cause tout le système ! Ces régimes de compensations sont liés à des situations d'emplois particuliers : les travailleurs de nuit, les horaires décalés…prévus pour une large part par des conventions collectives.

L'incitation à la prolongation de carrière est un mythe : toutes les tentatives dans ce sens depuis les années 90 sont un échec : chaque fois, les pensions diminuent, mais la durée de cotisation ne s'allonge que marginalement. Les travailleurs sont épuisés : plus leurs retraites sont basse plus la durée de la retraite en bonne santé est faible.

Ce projet est profondément mensonger jusque dans cette perspective budgétaire qui a pourtant servi à l'élaborer :
  • notre population vieillit nous ne sommes pas encore au pic du nombre de retraités qui devrait être atteint d'ici 2050 avec la disparition progressive des baby-boomers : d'après le rapport INSEE n°152 du 22/6/2017, au 1er janvier 2050, la France comptait plus de 20 millions de personnes de 65 ans ou plus, soit 8,6 millions de plus qu'en 2013. Cette population sénior augmenterait nettement plus que l'ensemble de la population : + 1,5 % en moyenne par an entre 2013 et 2050, contre + 0,3 %. Le vieillissement repose principalement sur l'arrivée aux grands âges des baby-boomers, nés entre 1945 et 1975. Ces générations sont nettement plus nombreuses que celles qui leur ont succédé. La hausse de la population de 65 ans ou plus resterait importante jusqu'en 2050, mais cet effet générationnel jouerait surtout au début de la période. Ainsi la hausse de la population des séniors passerait de + 2,5 % en moyenne annuelle entre 2013 et 2020 à + 0,6 % entre 2040 et 2050. La France compterait 12,1 millions de personnes âgées de 75 ans ou plus en 2050, soit 16,4 % de la population, contre 9,0 % en 2013.
  • Plus les travailleurs sont âgés plus ils sont coûteux au sens de la sécu et des comptes publics : D'après la CNAM, entre 2013 et 2016, le montant des arrêts maladie a augmenté de 13,4% en raison de la présence plus importante de travailleurs de plus de 60 ans (soit passage de 6,6 à 7,1 milliards d'€), avec 76 jours en moyenne d'arrêt de travail pour les salariés de +60 ans (33 jours pour les autres).

Ce projet nous divise et affaiblit le dispositif global :
  • en mettant un terme à la solidarité intergénérationnelle le Gouvernement affaiblit notre capacité à faire société, ensemble.
  • Reporter l'âge du départ en retraite revient à ne pas embaucher de jeunes en situation d'insertion professionnelle, à les laisser dans des dispositifs précaires.
  • En exonérant les plus gros salaires de leur contribution à l'effort de solidarité nationale. Les salariées gagnant plus de 120 000 € brut/an (320 000€ actuellement), soit plus de 7800€ net/mois, ne cotiseront plus à la retraite publique pour les sommes dépassant ce montant, hormis pour une très faible cotisation de 2,81% de solidarité. Pour compenser la réduction de leurs pensions (moins de cotisation = moins de pension), les plus hauts salaires constitueront une épargne financière qui bénéficie grâce à loi Pacte récemment des meilleurs avantages fiscaux. Par cette mesure contraire à l'intérêt général, le Gouvernement : 
    • contredit sa promesse d'universalité du système ;
    • fragilise notre système en se privant des revenus qui devraient abonder ;
    • sape les fondements de la solidarité nationale qui veut que chacun contribue en fonction de ses moyens et soit aidé en fonction de ses besoins ;
    • condamne le reste de la population à l'insécurité : si seules les classes moyennes et les plus pauvres dépendent de ce système, quelles sont les chances qu'il ne soit pas régulièrement remis en cause, revu à la baisse en fonction des aléas de la conjoncture ? des intérêt du pouvoir en place ? 
Tenir compte de l'allongement de l'espérance de vie : un raisonnement théorique qui ignore la réalité vécue par nos concitoyennes et concitoyens. L'espérance de vie en bonne santé n'est que de 62,7 ans pour les hommes et 64 ans pour les femmes. Ce projet qui conduit à réduire le temps passé en retraite en bonne santé !

  • les riches vivent 9 années de plus que les plus pauvres à la retraite, en moyenne !
  • Les plus belles années de retraites sont entre 60 et 65 ans, mais que ce sont aussi les plus dures années au travail.
  • L'espérance de vie en bonne santé tend à reculer de 64 vers 63 ans, et c'est vers 55 ans que le travail est plus pénible physiquement et mentalement. C'est une réalité bien connu des employeurs, qui à partir de 55 ans n'embauchent plus, voire licencient.

Ce projet favorise le développement d'un système privé de retraite: loin de favoriser l'égalité ces dispositifs facturent la société en accroissant les inégalités issues du travail. Les comparaisons internationales indiquent assez clairement que plus la part des pensions publiques dans le revenu des retraités est faible, plus le niveau de vie moyen des retraités s'éloigne de celui du reste de la population

Améliorer notre système plutôt que d'en changer  :

Globalement notre système de protection social est à l'équilibre, sauf quand le gouvernement décide lui-même de faire des modifications comptables qui créent un déficit malhonnête! Nous voulons aller plus loin !

  • Un minimum de pension permettant de vivre dignement et donc une revalorisation conséquente de l'allocation de solidarité aux personnes âgées (ASPA) ;
  • Une prise en compte des meilleures années de rémunération et pas toute la carrière tant il devient difficile pour de plus en plus de salarié.es d'avoir une activité à plein temps et rémunérée tout au long de leur vie ; 
  • Un taux de remplacement digne et garanti ;
  • La prise en compte de l'intégralité des primes ;
  • La mise en place de la « taxe robot » sur la valeur ajoutée des entreprises obtenue grâce à l'automatisation.
  • Suivant la logique du revenu universel nous considérons que chacun doit disposer d'une pension de retraite qui lui permettra non seulement de survivre mais de vivre, en disposant de moyens aussi proches que possible de ceux que lui procurait son travail.
  • Ce n'est pas une utopie :
    • un relèvement minimal des cotisations salariales et patronales permettrait à notre système actuel d'être durablement à l'équilibre ! 
    • Pour faire mieux pour faire plus nous proposons aujourd'hui comme hier de taxer les robots qui remplacent aujourd'hui largement les travailleurs ! 
  • Plutôt que de faire travailler nos anciens, faisons travailler les plus jeunes, qui sinon, restent dans des emplois précaires, mal payés, stagiaires…
  • Augmenter les salaires, avoir une réelle politique de lutte contre le chômage et la précarité, stopper les réductions des fonctionnaires.
  • Augmenter très légèrement les cotisations sociales patronales (d'abord) et salariales (0,1 ou 0,2%) lorsque ce sera vraiment nécessaire (pas avant 2025). Mettre un terme aux exonérations grandissantes de cotisation sociales patronales.

Choisir un système de retraite c'est choisir un modèle de société. C'est donc à l'ensemble des citoyennes et citoyens de le choisir par référendum.

Il y a urgence à pacifier notre pays, réconcilier ses habitant.es, soigner les plaies des inégalités, rompre avec l'injustice, agir pour le climat et construire un futur désirable. Pas pour ce projet de « reforme » inique qui doit être abandonné. 

En complément :

Les retraites : ultime réforme dans la marche vers l'individualisation du modèle de protection sociale français

1. Le projet de retraite à points Départ à la retraite possible à 62 ans, mais avec une décote de 10%, ce qui équivaut à 14,1% de moins que pour un départ à 64 ansCalcul de la retraite sur la totalité de la carrière et non plus seulement sur les meilleures annéesFaire dépendre le montant de la pension en fonction de l'espérance de vie de chaqu...
https://idees.generation-s.fr/component/easyblog/nouveau-modele-economique/note-de-fond-sur-la-reforme-des-retraites.html?Itemid=8

Note de contexte : Macron la destruction du modèle redistributif et solidaire de 1945

 Dans l'univers caricatural d'Emmanuel Macron, foin du collectif et de la solidarité. Il ne doit plus rester que l'individu face à son destin, évoluant sur le marché, traversant la rue pour obtenir un emploi, surveillant son compte personnel de retraite à points pour déterminer s'il travaillera un peu plus, et ramené à un arbitrage entre sa pe...
https://idees.generation-s.fr/component/easyblog/nouveau-modele-economique/note-de-contexte-macron-la-destruction-du-modele-redistributif-et-solidaire-de-1945.html?Itemid=8

Note de contexte : Reculer l’âge de la retraite, une régression !

En matière de retraite, le Macronisme, comme tous les gouvernements de droite qui l'ont précédé ne sait finalement faire qu'une seule chose : repousser une fois de plus l'âge de départ.A rebours du sens de l'Histoire qui voudrait que le progrès apporté par les multiples révolutions technologiques que vit notre pays puisse permettre de réduire le te...
https://idees.generation-s.fr/component/easyblog/nouveau-modele-economique/note-de-contexte-reculer-l-age-de-la-retraite-une-regression.html?Itemid=8

Type de publication

    • Position G.s
 

Commentaires 2

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eddy braunstein le mardi 17 décembre 2019 14:47

Où veut-on aller ?

Macron pour se faire élire a repris dans certains domaines des projets qui ont été élaborés par une partie de la gauche et qui avaient reçu l’aval de plusieurs syndicats dont, pour les retraites, celui de la CFDT.

Aujourd’hui au pouvoir, ce gouvernement de droite libéral a modifié les conditions et les modalités du projet initial pour le rendre compatible avec ses objectifs économiques, sociaux et idéologiques. Est-ce étonnant ? Bien sûr que Non ! Et ce n’est pas la première fois que cela se produit. C’est même, un grand classique d’aller piocher dans l’opposition des idées afin de conquérir certains électeurs. Le cas du revenu universel est là pour nous le rappeler. Pour autant, devons-nous jeter le bébé avec l’eau du bain ?

En l’état, le système de retraite à points qui nous est proposé n’est pas meilleur que celui que nous avons actuellement. Mais celui que nous avons, est très loin de répondre à nos valeurs et nos principes. Pour rappel : 30% et plus du montant des pensions découlent d’une multitude de régimes complémentaires que personne ne remet en cause alors qu’ils reposent sur un système à point. La valeur de celui-ci variant selon le métier (professions libérales, artisans, cadres ou employés…). Parallèlement, les régimes de base sont eux aussi disparates et servent souvent d’outils de propagande pour les droites au pouvoir, dans le but d’opposer les salariés les uns aux autres alors que ces derniers ne représentent au total qu’un petit nombre de personnes (SNCF, RATP). C'est le cas aujourd'hui.
En outre, avec le développement de la précarité il est évident que le principe des 150H pour bénéficier d’un trimestre travaillé devient incohérent. Or, l’absence d’un nombre important de trimestres empêche de partir à taux plein même si l’on prend en compte les 25 meilleures années Ceci entraînant d’ores et déjà une décote à l’âge légal de départ à la retraite ! Sans omettre, que la pénibilité du travail est partiellement exclue du champ du régime général mais aussi des régimes complémentaires.
Ajoutons à cela que le niveau et le système de réversion des pensions découle directement du régime auquel on est affilié (public ou privé).
Enfin, pour les fonctionnaires aucune des primes n’est prise en compte dans le calcul des pensions. Or, dans certains secteurs elles peuvent aller jusqu’à 20 ou 25% du revenu.
Enfin comment ne pas constater que tous les gouvernements qui se sont succéder ont modifié le nombre de trimestres et par conséquent le nombre d’annuités, l’âge légal de départ, les taux de réversion et même les conditions d’exercice des régimes spéciaux. Au total qu’il s’agisse du régime actuel ou d’un autre système, les modifications qu’on lui apporte dépendent des objectifs politiques et financiers du gouvernement au pouvoir, des rapports de force internes et externes mais pas du système lui-même.
Tout ceci montre que nos régimes actuels de retraite sont inégalitaires dans les faits et créent des conflits entre salariés, qui servent les politiques antisociales des gouvernements qui se succèdent depuis des décennies. Il est donc temps de changer de braquet et de vision.

Faut-il pour autant accepter cette réforme en l’état ? Certainement pas !

Tout d’abord, qu’on le veuille ou non, le système à point permet d’unifier tous les régimes existants et d’intégrer toutes les complémentaires dans un seul et même régime. Nous sommes donc dans la logique universaliste qui était recherchée par les fondateurs du système de protection sociale en France au début de l’aventure, en 1945, avant qu’il soit dénaturé par les corporatismes. Cela implique qu’il n’y a plus de différence entre les professions ou les catégories sociales. Mais que les différences portent uniquement sur des critères objectifs que nous devrions choisir collectivement (pénibilité, sécurité …), en prenant pour base l’espérance de vie en bonne santé et non pas l’espérance de vie dont on nous rabâche les oreilles sur les médias et qui est désormais tendanciellement à la baisse.
Ensuite, il n’y a pas de raison objective pour que cette réforme n’intègre pas le développement rapide de la précarité et par conséquent le calcul des pensions sur les 15, 20 ou 25 meilleures années de carrière. Les systèmes d’information actuels savent faire des moyennes ! De plus, un point d’équilibre pourrait-être recherché entre les 25 meilleures années du privé et les 6 derniers mois du public afin d’améliorer la situation des premiers sans remettre en cause en totalité les avantages du second. En effet, comment expliquer une telle différence de traitement entre un enseignent du privé et du public alors qu’ils font le même métier. C’est-à-dire transmettre des savoirs à des enfants ?
Parallèlement, la proposition de réversion à 70% du revenu du couple apparaît tout à fait intéressante en particulier pour les femmes qui sont souvent les dernières à résister à l'usure du temps. Toutefois cette réversion pourrait prendre effet avant 62 ans si des études sérieuses en démontrent la nécessité.

Concernant, le refus de ne pas dépasser les 13,8% du PIB et de ne pas augmenter les cotisations. Nous sommes face à des mesures financières édictées par Bercy et qui ne sont pas opposables à un autre gouvernement sauf si elles sont inscrites dans la constitution. Il ne s’agit donc pas d’un problème de système qui relève de la technique mais bien d’un choix politique de l’exécutif. Il en va de même pour la suppression des pensions et des recettes à partir de 120K€ de revenu. En conséquence, un autre gouvernement pourrait prendre des mesures d’ajustement ou de financement différentes. Encore faut-il qu'il en est le courage !

En conséquence, la position de Génération.s, demandant le retrait de la réforme, si elle est compréhensible dans le cadre d’une recherche de convergence avec d’autres forces politiques en vue des présidentielles a pour désavantage de s’inscrire sur le court terme. Et par conséquent ne permet pas d’avoir une ligne claire pour l’avenir. En outre, elle nie le souhait des français d’une plus grande équité dans notre système de retraite mais aussi plus globalement en matière dans le domaine des protections sociales (chômage, santé).

Il me semble donc que Générations devrait plutôt défendre un système à point en revendiquant de véritables améliorations tant sur les modalités que sur les solutions de financement. Nous pourrions en outre compléter l’ensemble par un modèle de gouvernance reposant sur 4 piliers : représentants des salariés, patronat, Etat, mais aussi représentants des citoyens qui seraient tirés au sort avec un mandat unique et limité à 5 ans. Rappelons que la retraite, mais aussi l’assurance chômage et la santé sont des assurances. Or la main mise de l’état sur ces régimes conduit à une solution à l’anglaise dont on voit les ravages. Il faut donc réintégrer, dans le cadre de la négociation collective et démocratique, ce qui relève de nos choix de société.

S’inscrire dans une démarche d’avenir, universaliste reposant sur une logique d’équité et d’efficacité permettrait à Génération.s de se démarquer tout en étant porteur d’un véritablement changement dans le droit fil de la philosophie portée par B Hamont lors des dernières élections.

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Où veut-on aller ? Macron pour se faire élire a repris dans certains domaines des projets qui ont été élaborés par une partie de la gauche et qui avaient reçu l’aval de plusieurs syndicats dont, pour les retraites, celui de la CFDT. Aujourd’hui au pouvoir, ce gouvernement de droite libéral a modifié les conditions et les modalités du projet initial pour le rendre compatible avec ses objectifs économiques, sociaux et idéologiques. Est-ce étonnant ? Bien sûr que Non ! Et ce n’est pas la première fois que cela se produit. C’est même, un grand classique d’aller piocher dans l’opposition des idées afin de conquérir certains électeurs. Le cas du revenu universel est là pour nous le rappeler. Pour autant, devons-nous jeter le bébé avec l’eau du bain ? En l’état, le système de retraite à points qui nous est proposé n’est pas meilleur que celui que nous avons actuellement. Mais celui que nous avons, est très loin de répondre à nos valeurs et nos principes. Pour rappel : 30% et plus du montant des pensions découlent d’une multitude de régimes complémentaires que personne ne remet en cause alors qu’ils reposent sur un système à point. La valeur de celui-ci variant selon le métier (professions libérales, artisans, cadres ou employés…). Parallèlement, les régimes de base sont eux aussi disparates et servent souvent d’outils de propagande pour les droites au pouvoir, dans le but d’opposer les salariés les uns aux autres alors que ces derniers ne représentent au total qu’un petit nombre de personnes (SNCF, RATP). C'est le cas aujourd'hui. En outre, avec le développement de la précarité il est évident que le principe des 150H pour bénéficier d’un trimestre travaillé devient incohérent. Or, l’absence d’un nombre important de trimestres empêche de partir à taux plein même si l’on prend en compte les 25 meilleures années Ceci entraînant d’ores et déjà une décote à l’âge légal de départ à la retraite ! Sans omettre, que la pénibilité du travail est partiellement exclue du champ du régime général mais aussi des régimes complémentaires. Ajoutons à cela que le niveau et le système de réversion des pensions découle directement du régime auquel on est affilié (public ou privé). Enfin, pour les fonctionnaires aucune des primes n’est prise en compte dans le calcul des pensions. Or, dans certains secteurs elles peuvent aller jusqu’à 20 ou 25% du revenu. Enfin comment ne pas constater que tous les gouvernements qui se sont succéder ont modifié le nombre de trimestres et par conséquent le nombre d’annuités, l’âge légal de départ, les taux de réversion et même les conditions d’exercice des régimes spéciaux. Au total qu’il s’agisse du régime actuel ou d’un autre système, les modifications qu’on lui apporte dépendent des objectifs politiques et financiers du gouvernement au pouvoir, des rapports de force internes et externes mais pas du système lui-même. Tout ceci montre que nos régimes actuels de retraite sont inégalitaires dans les faits et créent des conflits entre salariés, qui servent les politiques antisociales des gouvernements qui se succèdent depuis des décennies. Il est donc temps de changer de braquet et de vision. Faut-il pour autant accepter cette réforme en l’état ? Certainement pas ! Tout d’abord, qu’on le veuille ou non, le système à point permet d’unifier tous les régimes existants et d’intégrer toutes les complémentaires dans un seul et même régime. Nous sommes donc dans la logique universaliste qui était recherchée par les fondateurs du système de protection sociale en France au début de l’aventure, en 1945, avant qu’il soit dénaturé par les corporatismes. Cela implique qu’il n’y a plus de différence entre les professions ou les catégories sociales. Mais que les différences portent uniquement sur des critères objectifs que nous devrions choisir collectivement (pénibilité, sécurité …), en prenant pour base l’espérance de vie en bonne santé et non pas l’espérance de vie dont on nous rabâche les oreilles sur les médias et qui est désormais tendanciellement à la baisse. Ensuite, il n’y a pas de raison objective pour que cette réforme n’intègre pas le développement rapide de la précarité et par conséquent le calcul des pensions sur les 15, 20 ou 25 meilleures années de carrière. Les systèmes d’information actuels savent faire des moyennes ! De plus, un point d’équilibre pourrait-être recherché entre les 25 meilleures années du privé et les 6 derniers mois du public afin d’améliorer la situation des premiers sans remettre en cause en totalité les avantages du second. En effet, comment expliquer une telle différence de traitement entre un enseignent du privé et du public alors qu’ils font le même métier. C’est-à-dire transmettre des savoirs à des enfants ? Parallèlement, la proposition de réversion à 70% du revenu du couple apparaît tout à fait intéressante en particulier pour les femmes qui sont souvent les dernières à résister à l'usure du temps. Toutefois cette réversion pourrait prendre effet avant 62 ans si des études sérieuses en démontrent la nécessité. Concernant, le refus de ne pas dépasser les 13,8% du PIB et de ne pas augmenter les cotisations. Nous sommes face à des mesures financières édictées par Bercy et qui ne sont pas opposables à un autre gouvernement sauf si elles sont inscrites dans la constitution. Il ne s’agit donc pas d’un problème de système qui relève de la technique mais bien d’un choix politique de l’exécutif. Il en va de même pour la suppression des pensions et des recettes à partir de 120K€ de revenu. En conséquence, un autre gouvernement pourrait prendre des mesures d’ajustement ou de financement différentes. Encore faut-il qu'il en est le courage ! En conséquence, la position de Génération.s, demandant le retrait de la réforme, si elle est compréhensible dans le cadre d’une recherche de convergence avec d’autres forces politiques en vue des présidentielles a pour désavantage de s’inscrire sur le court terme. Et par conséquent ne permet pas d’avoir une ligne claire pour l’avenir. En outre, elle nie le souhait des français d’une plus grande équité dans notre système de retraite mais aussi plus globalement en matière dans le domaine des protections sociales (chômage, santé). Il me semble donc que Générations devrait plutôt défendre un système à point en revendiquant de véritables améliorations tant sur les modalités que sur les solutions de financement. Nous pourrions en outre compléter l’ensemble par un modèle de gouvernance reposant sur 4 piliers : représentants des salariés, patronat, Etat, mais aussi représentants des citoyens qui seraient tirés au sort avec un mandat unique et limité à 5 ans. Rappelons que la retraite, mais aussi l’assurance chômage et la santé sont des assurances. Or la main mise de l’état sur ces régimes conduit à une solution à l’anglaise dont on voit les ravages. Il faut donc réintégrer, dans le cadre de la négociation collective et démocratique, ce qui relève de nos choix de société. S’inscrire dans une démarche d’avenir, universaliste reposant sur une logique d’équité et d’efficacité permettrait à Génération.s de se démarquer tout en étant porteur d’un véritablement changement dans le droit fil de la philosophie portée par B Hamont lors des dernières élections.
Hervé CHRISTIAN le mercredi 18 décembre 2019 14:59

Bonjour,

Il y aurait un moyen simple d’augmenter le financement des dispositifs sociaux, créer une CSG sur toutes les transactions boursières. Un prélèvement de 0,1%, permettrait d’obtenir environ 1,8 millards d’euros par an en France.

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Bonjour, Il y aurait un moyen simple d’augmenter le financement des dispositifs sociaux, créer une CSG sur toutes les transactions boursières. Un prélèvement de 0,1%, permettrait d’obtenir environ 1,8 millards d’euros par an en France.

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