Connexion  \/ 
x
ou
x
S'inscrire
x

La question du handicap à gauche est elle un handicap ?


On pourrait de façon légitime se poser la question. Historiquement les lois sur le handicap ont avant tout été rédigées par la droite. On peut citer notamment la loi de 1975 sous Giscard, étendue dans ses prérogatives il est vrai par Mitterrand en 1988 mais surtout la loi de 2005 sous Jacques Chirac.
Par honnêteté, on peut concéder que les présidents de droite furent plus nombreux que ceux de gauche et qu'il était donc davantage possible de légiférer.

La question du handicap n'est pas centrale à gauche que cela soit, au sein des partis politiques, au sein des questions sociales et il est étonnant que celle-ci demeure secondaire quand les principes philosophiques sont l'égalité et l'aide à ceux qui en ont besoin ainsi que la solidarité.

Plusieurs causes peuvent être mises en avant.
La première est que la gauche, trouve son origine post révolution industrielle dans la défense ouvrière du productivisme. Le travailleur est au centre de l'analyse idéologique et les populations qui ne peuvent travailler sont mises de côté et marginalisées non par volonté mais parce que le champ idéologique ne les prend pas en compte. Par productivisme j'entends le modèle social et économique basé sur le principe qu'une société pour se développer doit constamment produire davantage de produits ou de biens conditionnés à une transaction économique ou marchande.

La seconde raison est que le productivisme a une tendance à uniformiser les individus dans un grand tout, ne prenant pas en compte les différences.

En allant plus loin dans l'histoire il n'est pas exclusif à la gauche de marginaliser les personnes handicapées, un nombre important de sociétés occidentales excluait de manière fondamentale ces personnes car elles représentaient un poids pour ces sociétés.

Et si la droite ne considéra la question ce n'était pas pour une préoccupation de solidarité mais davantage dans un élan de charité hérité du catholicisme et qui ne permet pas l'émancipation de ces personnes mais davantage un paternalisme se voulant bienveillant.

Quid de la gauche alors ?

La gauche doit sortir des deux postulats dont nous avons parlés précédemment :

penser que l'universalisme passe par l'uniformisation et cesser de penser que la reconnaissance des différences de chacun créé nécessairement des inégalités. Au contraire c'est pas la reconnaissance des différences de chacun, la reconnaissance que ces différences ne sont pas un obstacle à une universalité des droits que l'égalité entre les individus est possible et freine ainsi l'individualisme dans lequel nous nous trouvons.

Cesser de réfléchir par le biais du productivisme. Déjà parce que nous produisons trop et de façon superficielle, ensuite car nous ne sommes plus dans une Révolution industrielle mais technologique et écologique. Le travail existera toujours mais il n'est plus le pilier central des conditions de développement de nos sociétés.

Une fois ceci effectué (entre autres) une réflexion globale entre tous les partis de gauche et écologistes et au sein de tous ces partis seront souhaitables sur les sujets suivants :

une refondation totale du milieu scolaire qui broie les enfants en les intégrant dans un processus normatif. Les enfants en situation de handicap ne sont pas les seuls concernés. L'école que nous connaissons est une conséquence d'une société basée sur le productivisme il n'y a donc pas de raison de la conserver. La pédagogie Dewey pourrait être mise à l'étude. Freinet aussi. Cela reste ouvert. Une pédagogie basée sur la reconnaissance de l'unicité des potentiels de chacun et leur épanouissement par l'expérience.

Une réflexion globale sur l'urbanisme. L'urbanisme est un déterminisme puissant des échanges sociaux mais également de l'accessibilité aux services publics, à l'espace public, à la structuration des relations commerciales, aux types de déplacements. Selon les fondamentaux qui dirigent l'urbanisme il est possible de renforcer les inégalités ou les affaiblir et la gauche doit s'emparer de ce sujet qui est principale dans la vision écologique et humaniste que l'on doit instaurer.

Une réflexion complète sur la culture et sa place dans la société. Celle-ci doit perdre cette condition d'utilitarisme car une culture conditionnée à l'utilitarisme engendre une perception des individus conditionnée elle aussi à l'utilitarisme.

Une réflexion totale sur l'espace public afin de conforter un modèle démocratique sain. Or sans débat de tous, le débat est sclérosé et les institutions aussi.

Et le handicap dans tout cela ? Il est central. Au travers de ces diverses réflexions nous pouvons en finir avec le modèle social du handicap (Le modèle social du handicap est une approche du handicap selon laquelle, ce dernier ne serait pas seulement le fruit d'une déficience individuelle, médicalement constatée, mais aussi déterminé par des limites dans l'organisation environnementale et sociétale) et permettre ainsi à ce que ce ne soit pas des citoyens marginalisés mais participant à la démocratie, au débat, à la société de manière pérenne avec un apport positif, celui d'une diversité. C'est une nécessité.

 

Commentaires 4

Déjà inscrit ? Connectez-vous ici
Jean-François Py le mercredi 6 mai 2020 14:07

Ok. Manque à cet article l’approche juridique. Pourquoi la France continue-t-elle en fait a ignorer le droit international auquel elle adhère en principe, s’agissant en particulier de l’application de la Convention de l’ONU pour les droits des personnes handicapées?
Pourquoi en conséquence d’une telle prise en compte, ne pas entreprendre sans délai de fermer les établissements médico sociaux qui sont des lieux de relégation, de privation de droits, et en premier lieu de liberté?
Comment tolérer le régime de mise sous tutelle ( en particulier des personnes handicapées adultes) qui est la négation frontale des droits de la personne?
Ces deux réalités, Tutelles et établissement médico sociaux, représentent un lobby économique considérable, qui doit être combattu et radicalement remis en cause, au profit du financement d’une politique d’accompagnement individuel, d’aménagements pour l’accès à la justice, de développement de l’habitat autonome.
La gauche , à ce prix, sera à la hauteur de ce qu’elle prétend être, une politique pour la pleine humanité de l’être humain quel qu’il soit.

0
Ok. Manque à cet article l’approche juridique. Pourquoi la France continue-t-elle en fait a ignorer le droit international auquel elle adhère en principe, s’agissant en particulier de l’application de la Convention de l’ONU pour les droits des personnes handicapées? Pourquoi en conséquence d’une telle prise en compte, ne pas entreprendre sans délai de fermer les établissements médico sociaux qui sont des lieux de relégation, de privation de droits, et en premier lieu de liberté? Comment tolérer le régime de mise sous tutelle ( en particulier des personnes handicapées adultes) qui est la négation frontale des droits de la personne? Ces deux réalités, Tutelles et établissement médico sociaux, représentent un lobby économique considérable, qui doit être combattu et radicalement remis en cause, au profit du financement d’une politique d’accompagnement individuel, d’aménagements pour l’accès à la justice, de développement de l’habitat autonome. La gauche , à ce prix, sera à la hauteur de ce qu’elle prétend être, une politique pour la pleine humanité de l’être humain quel qu’il soit.
JIMMY BEHAGUE le mercredi 6 mai 2020 19:12

Je suis tout à fait d'accord avec vous. C'est d'ailleurs au coeur du projet que je porte au sein du CN.

1
Je suis tout à fait d'accord avec vous. C'est d'ailleurs au coeur du projet que je porte au sein du CN.
Jean-François Py le mercredi 6 mai 2020 19:41

Alors échangeons régulièrement, mon épouse et moi meme sommes impliqués ( y compris familialement) dans ce combat.
Consultez si vous voulez francedisability.com, le site que mon épouse a mis en place. Elle achève actuellement un Master de droit international du handicap (université de Galway, Irlande) et organise un webinaire le samedi après-midi sur ces questions que les militants du handicap connaissent finalement peu.

0
Alors échangeons régulièrement, mon épouse et moi meme sommes impliqués ( y compris familialement) dans ce combat. Consultez si vous voulez francedisability.com, le site que mon épouse a mis en place. Elle achève actuellement un Master de droit international du handicap (université de Galway, Irlande) et organise un webinaire le samedi après-midi sur ces questions que les militants du handicap connaissent finalement peu.
Fabrice Mignot le samedi 6 juin 2020 13:57

Concrètement, je suis en désaccord avec ces positions dites "universalistes". L'enfer est pavé de bonnes intentions... Fermer les Centres de réadaptation professionnelle (CRP) financés par la sécurité sociale (certains gérés par la CGT !) et donc par les travailleurs est une absurdité antisociale. Premièrement, ces centres concernent les accidentés du travail et les travailleurs ne pouvant plus exercer une certaine activité, et cela ne concerne pas les CSP++, mais les publics qui sont généralement dans les "premiers de corvée". Les remettre dans le processus normal avec Pole Emploi et l'AFPA (qui n'ont aucune connaissance sur les handicaps et les modalités particulières de l'adaptation au travail), c'est l'exclusion assurée pour ces personnes, qui se retrouvent en queue de liste. En effet, le Capital (entreprises du CAC et grandes entreprises) et la fonction publique (qui recrute sur concours, donc valides et handicapés sur le même plan ! Comment un aveugle, un traumatisé cranien ou un sourd peut-il passer les concours) ne veulent pas des personnes qui sont handicapées (sauf CSP++ qui ne sont alors pas "handicapées"), et ce sont les petites entreprises qui embauchent à 70% les personnes en situation de handicap formées dans les CRP. Cela c'est la réalité. Quant accepter tous les enfants dans le milieu ordinaire des écoles, comment fait-on sans crédits et sans formation des professeurs à enseigner à tous les enfants différents avec quelques méthodes (sourds, aveugles, autistes, triso, etc.) ? Très bien dans l'absolu des principes, mais comment faire concrètement ? Et sans parler de la stigmatisation des autres enfants et le décrochage scolaire (il faut lire les témoignages publiés par des personnalités handicapées qui sont nombreux à ce sujet). Le milieu ordinaire ne sait pas, en général, gérer la différence et la rejette dans les faits bien qu'il l'affiche dans ses principes. Il faut lutter pour que celui-ci la respecte et donner à tout le monde les moyens d'y participer, au minimum par une formation adaptée au handicap. Et n'oublions pas que la majorité des personnes qui se font enregistrer comme handicapées par les MDPH sont des personnes ayant eu un accident (de la route, professionnel, etc.) ou ayant subi des conditions de travail pénibles, et sont des handicaps dits "invisibles".

0
Concrètement, je suis en désaccord avec ces positions dites "universalistes". L'enfer est pavé de bonnes intentions... Fermer les Centres de réadaptation professionnelle (CRP) financés par la sécurité sociale (certains gérés par la CGT !) et donc par les travailleurs est une absurdité antisociale. Premièrement, ces centres concernent les accidentés du travail et les travailleurs ne pouvant plus exercer une certaine activité, et cela ne concerne pas les CSP++, mais les publics qui sont généralement dans les "premiers de corvée". Les remettre dans le processus normal avec Pole Emploi et l'AFPA (qui n'ont aucune connaissance sur les handicaps et les modalités particulières de l'adaptation au travail), c'est l'exclusion assurée pour ces personnes, qui se retrouvent en queue de liste. En effet, le Capital (entreprises du CAC et grandes entreprises) et la fonction publique (qui recrute sur concours, donc valides et handicapés sur le même plan ! Comment un aveugle, un traumatisé cranien ou un sourd peut-il passer les concours) ne veulent pas des personnes qui sont handicapées (sauf CSP++ qui ne sont alors pas "handicapées"), et ce sont les petites entreprises qui embauchent à 70% les personnes en situation de handicap formées dans les CRP. Cela c'est la réalité. Quant accepter tous les enfants dans le milieu ordinaire des écoles, comment fait-on sans crédits et sans formation des professeurs à enseigner à tous les enfants différents avec quelques méthodes (sourds, aveugles, autistes, triso, etc.) ? Très bien dans l'absolu des principes, mais comment faire concrètement ? Et sans parler de la stigmatisation des autres enfants et le décrochage scolaire (il faut lire les témoignages publiés par des personnalités handicapées qui sont nombreux à ce sujet). Le milieu ordinaire ne sait pas, en général, gérer la différence et la rejette dans les faits bien qu'il l'affiche dans ses principes. Il faut lutter pour que celui-ci la respecte et donner à tout le monde les moyens d'y participer, au minimum par une formation adaptée au handicap. Et n'oublions pas que la majorité des personnes qui se font enregistrer comme handicapées par les MDPH sont des personnes ayant eu un accident (de la route, professionnel, etc.) ou ayant subi des conditions de travail pénibles, et sont des handicaps dits "invisibles".

By accepting you will be accessing a service provided by a third-party external to https://idees.generation-s.fr/