Re-territorialiser l’agriculture pour une alimentation durable
Pour parvenir à assurer et accompagner les transitions agroécologique et sociale attendues par les consommateurs et les acteurs du monde agricole,
nous voulons re-territorialiser la production agricole et alimentaire, renforcer les liens ville-campagne et permettre à 800 000 fermes en France d’être performantes sur les plans économique, environnemental et social. Pour cela, nous proposons de :
- Promouvoir les territoires nourriciers pour relocaliser les productions alimentaires
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- Renforcer le maillage agroalimentaire des territoires pour soutenir l’agriculture paysanne
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- Établir une fiscalité environnementale sur les produits agricoles
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- Valoriser les productions locales dans la restauration collective
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- Faciliter l’accès au foncier agricole
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- Encourager les circuits courts
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- Promouvoir la végétalisation de l’alimentation
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- Généraliser la gestion circulaire des déchets
[afficher...] et accompagner les projets de méthanisation
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- Encourager l’agriculture urbaine
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- Améliorer la protection des salarié.e.s et non-salarié.e.s agricoles
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- Adapter les dispositifs de formation et de recherche à la transition agroécologique
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- Renforcer les moyens et structures d’accompagnement collectif des agriculteur.trice.s dans la transition agroécologique
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Pourquoi re-territorialiser l’agriculture ?
Puissance agricole de premier plan, la France connaît cependant depuis plusieurs années une lente érosion de sa position ; sa position exportatrice est aujourd’hui contestée par d’autres puissances agricoles (Pologne, Brésil, Chine, Inde…). Ce déclin économique s’explique, nous dit-on, par un excès de réglementation, des coûts de production trop élevés avec pour conséquence une augmentation de l’importation de produits agricoles et alimentaires.
Ne nous trompons pas, ce n’est pas s’affranchissant des normes sociales ou sanitaires que nous réduirons nos importations ; il nous faut produire mieux, au plus près des besoins des consommateur.trice.s !
Les résultats incontestables de la politique agricole menée à partir des années 60 - qui ont permis de répondre aux besoins alimentaires de la population et de réduire la pénibilité du travail agricole -, ne doivent pas masquer les effets délétères -
gaz à effet de serre, pollution des eaux et des sols, échanges déséquilibrés entre le Nord et le Sud, suicide des paysan.ne.s,... - d’une agriculture aujourd’hui dérégulée, complètement intégrée dans un système mondialisé.
Cette agriculture capitalistique et productiviste est responsable d’une partie des problèmes à l’origine des crises auxquelles est confrontée l’humanité, à savoir les crises alimentaire, sanitaire, économique, sociale, sociétale, environnementale, territoriale et énergétique qui sont complètement interdépendantes.
Nous commettrions, cependant, une erreur fondamentale en faisant des agriculteurs dits “productivistes” de bien commodes boucs émissaires, puisqu’eux-mêmes sont aussi, dans toutes leurs activités, devenus dépendants d’une course sans fin à la robotisation, à la numérisation, appuyée sur des systèmes-experts délocalisés qui les privent de leur liberté et en élimine plus d’un -
1,1 million d’agriculteur.trice.s en 1988, 450 000 aujourd’hui ! -.
Notre objectif est triple, nous voulons
permettre aux agriculteur.trice.s de retrouver le sens de leur métier par le contact avec ceux qu’ils nourrissent ; cette revalorisation sociale devra passer, comme dans d’autres secteurs de la société, par le droit à un revenu décent et par des droits sociaux améliorés. Nous voulons
garantir à toutes et à tous une nourriture suffisante, sûre, nutritionnellement adéquate et bonne pour la santé, permettant de satisfaire les besoins et préférences alimentaires. Nous voulons aussi
éviter les transports bidirectionnels inutiles entre des régions ou des pays, produisant des produits équivalents. Enfin, nous nous opposons aux importations de produits alimentaires qui ne respectent les normes environnementales et de qualités que nous exigeons de nos producteurs locaux.
Pourquoi une transition agroécologique ?
Après l’élan des années 60 qui s’est avéré désastreux pour les hommes, les paysages et la biodiversité,
l’agroécologie mise en 2012 à l’agenda de l’Etat français, doit nous permettre de donner ce nouvel élan dont l’agriculture française a besoin ; élan que les gouvernements qui se sont succédés depuis 2012 n’ont pas vraiment réussi à impulser.
L’agroécologie est aujourd’hui présente dans tous les discours, des membres de Colibris aux responsables de Chambre d'Agriculture ou de Coopérative Agricole, sans oublier les chercheur.euse.s de l'INRA ou des Instituts Techniques Agricoles... Pour les un.e.s, l'agroécologie ne dispose pas d'un champ de connaissances suffisamment robustes et n'est encore qu'un objet de recherche ; d’autres la réduisent à un ensemble de méthodes de production "respectueuses" de l’environnement ; certain.e.s enfin, n’en font qu’une simple éthique de vie.
Etayée par des connaissances agronomiques et biologiques sans cesse renouvelées et consolidées par des expériences de plus en plus nombreuses,
l'agroécologie s'inscrit pour nous, dans un “agir” capable de transformer les modes et relations de production agricole et alimentaire. Capable de s'affranchir du recours de la chimie, de ses polluants ou autres pesticides qui empoisonnent nos assiettes, mais capable aussi de restaurer le dialogue "Producteur.trice.s/Consommateur.trice.s" et de retisser des liens "Villes/Campagnes". Cette nouvelle révolution agricole ne se fera pas sans moyens, sans moyens politiques et réglementaires, sans moyens financiers pour la recherche, la formation et le développement, sans une implication de tous les acteur.trice.s au niveau des territoires.
Au-delà de ses dimensions scientifiques et techniques,
l’agroécologie a donc une dimension politique, éthique et même esthétique dans la mesure où elle place les interactions entre l’homme et son milieu, entre les différents écosystèmes, au cœur de son approche. Par essence,
l’agroécologie est aussi synonyme de territorialité. C’est donc dans les territoires -
avec ses habitant.e.s et ses élu.e.s - et grâce à des politiques publiques concertées, que les solutions aux problèmes agricoles et alimentaires émergeront.