C'est sous l'impulsion du communiste Ambroise Croizat, au moment de la libération que l'assurance maladie, le système des retraites et les allocations familiales ont vu le jour. En 1966, la sécurité sociale est réorganisée en 4 branches : CNAM (assurance Maladie), CNAF (Allocations familiales), CNAV (Assurance vieillesse) et la branches prenant en charge les accidents du travail et les maladies professionnelles. En 1975, le droit à la retraite à taux plein passe de 120 trimestres (30 ans) à 150 trimestres (37,5 ans), sur la base des 10 meilleures années (et plus des dernières), avec des systèmes de calcul selon les branches de métiers qui complexifient largement la capacité à se projeter. Mise en place des pré-retraites en 1972 pour permettre aux entreprises de pouvoir licencier des anciens pour les remplacer par des jeunes moins payés (droits ou verts 60 ans en 1975 puis à 55 ans en 1980).
La hausse importante du chômage lié à la crise de 1973 pèse sérieusement sur le montant des cotisations, tout en mettant les chômeurs âgés en difficulté.
Ce dispositif faisant aujourd'hui parti de ce qui est communément appelé le modèle social est assez unique, et a permis à la France d'occuper une position particulière dans les statistiques en matière de retraites : au cours des 60 dernières années, les Hommes et les Femmes ont gagné 14 ans de vie en moyenne. Et en parallèle, le taux de pauvreté des retraités est compté parmi les plus bas du monde.
Il existe à ce jour 600 régimes de retraites de base et 6000 régimes de retraites complémentaires.
Depuis 1993, se sont succédé des réformes, ayant pour objet principal le report de l'âge de départ à la retraite bien au-delà de 62 ans.
Les raisons avancées par le gouvernement pour mener la réforme : le déficit du régime des retraites. D'un point de vue comptable, et d'un point de vue des choix politiques qui ont été fait, le déficit annoncé de 17 milliards d'€ peut s'avérer juste. Mais en réalité, il est faussé, car les choix de réduire la masse salariale du secteur public, de baisser les « cotisations » jusque-là entendues par l'UNEDUC et la CAF, ou encore prévoir que les taux de cotisations restent fixes mènent à ce déficit. Mais le chemin à prendre n'est pas forcément celui-ci.
Les besoins pour couvrir les dépenses en matière de retraites devraient progresser selon le COR de 1,4% par an, ce qui correspond à la croissance du PIB prévue par le COR. La baisse de la part de la contribution de l'Etat à l'équilibre des régimes de retraites de la fonction publique et des régimes spéciaux est donc l'origine du déficit annoncé par le COR. En fait, lorsque les salaires stagnent, lorsqu'on réduit la masse salariale dans la fonction publique, le montant des cotisations au régime de retraites baisse en conséquence. Cela engendre donc l'argument utilisé pour baisser les retraites. C'est un peu la double peine.Les retraites sont versées en direct, en temps réel par des cotisations sur les bulletins de paye des salariés en activité. Elles sont donc financées par ceux qui travaillent pour ceux qui ne travaillent plus. Ce n'est ni différé, ni mis de côté. C'est de la solidarité intergénérationnelle entre salariés, qui ne peut faire l'objet d'aucune spéculations, ni détournement. Et c'est bien cela qui gêne nos gouvernants actuels : ce ne sont pas de produits qui peuvent être cotés en bourse, ni vendus avec pertes et ou profits.
Le système par points serait celui permet de remettre de l'égalité ? Mais qui peut nous parler d'égalité alors que les carrières ne sont pas les mêmes, alors que les revenus ne sont pas les mêmes, alors que la pénibilité n'est pas la même, alors que l'accès aux soins n'est pas le même ? Le système de retraites vu par Macron sur une carrière complète de 40 années de cotisations ne pourra que faire baisser le niveau de retraites des plus fragiles, des plus précaires, de celles qui ont des carrières hachées ou qui font de longues études.
Les plus belles années de retraites sont entre 60 et 65 ans, mais que ce sont aussi les plus dures années au travail. Il est bon de rappeler que l'espérance de vie en bonne santé tend à reculer de 64 vers 63 ans, et que c'est vers 55 ans que le travail est plus pénible physiquement et mentalement. D'ailleurs, c'est une réalité bien connu des employeurs, qui à partir de 55 ans n'embauchent plus, voire débauchent facilement leurs salariés âgés.
Reporter l'âge du départ en retraite revient à ne pas embaucher de jeunes en situation d'insertion professionnelle, à les laisser dans des dispositifs précaires, payés souvent bien moins.
Là encore, les chiffres sont têtus : il y a 9 ans d'écart de vie en retraite entre les plus pauvres et les plus riches.
Les régimes dits « spéciaux », ne concernent que 3% des situations. Et c'est pour ces 3% qu'il faudrait remettre en cause tout le système ? Ces systèmes de compensations sont liés à des situations d'emplois particuliers : les travailleurs de nuit, les horaires décalés… Ce sont en fait des compensations, liées le plus souvent à des conventions collectives, qui servent à corriger branche par branche les inégalités subies tout au long de la vie professionnelle. Mettre fin à ces régimes, plus que supprimer des inégalités, cela en rétablit. Le cadre de réforme de Macron revient à opposer artificiellement les salariés entre eux.
Le pompom est atteint lorsqu'on comprend que quoi qu'il se passe, Macron veut bloquer les dépenses de retraites à 14% du PIB, quel que soit le nombre de retraités à l'avenir. Même sans avoir fait de grandes études scientifiques, il est aisé de comprendre, que notre société vieillissante doit au contraire investir dans le grand âge. Sinon, cela revient à diviser la même part de gâteau, pour un plus grand nombre : et donc forcément il y en a moins. Cela jouera forcément en priorité contre les temps partiels, les années de formation, les congés maternité, maladie, sabbatiques… Et pour ceux qui en ont les moyens, cela les poussera à placer leur argent dans des fonds de pensions, dans des comptes bancaires individualisés, privés.
Le système global de protection social à l'équilibre, sauf quand le gouvernement décide lui-même de faire des modifications comptables qui créent un déficit malhonnête.
Plutôt que de faire travailler nos anciens, qui sont plus malades, qui sont moins productifs, mais surtout qui ne trouvent pas d'emploi, faisons travailler les plus jeunes, qui sinon, restent dans des emplois précaires, mal payés, stagiaires…
Augmenter les salaires, avoir une réelle politique de lutte contre le chômage et la précarité, stopper les réductions des fonctionnaires et augmenter très légèrement les cotisations sociales patronales et salariales (0,1 ou 0,2%) lorsque ce sera vraiment nécessaire (pas avant 2025 à ce jour).
Revenir au droit à la retraite à 60 ans à taux plein, calculer le montant de la retraite sur les 10 meilleures années, indexées sur les prix et les salaires, avec un taux de remplacement de 75% minimum.
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