Le Kurdistan irakien ou Kurdistan du sud est une entité politique autonome du nord de l'Irak, reconnue par la constitution irakienne, adoptée le 15 octobre 2005 par un référendum populaire.
Dans les années 1920, à la création de l'Irak, la Société des Nations (SDN) attribue la gestion de l'Irak au Royaume-Uni, à condition qu'une autonomie administrative soit accordée aux Kurdes. Plus tard elle réaffirme l'importance de l'autonomie administrative de Mossoul, en demandant d'en récupérer la tutelle.L'insurrection de 1961 est conduite par Moustafa Barzani et le Parti démocratique du Kurdistan (PDK). En 1961, les relations entre le gouvernement et les Kurdes se dégradent : le régime ne satisfait pas aux revendications d'autonomie, d'administration en langue kurde et d'investissements publics au Kurdistan.
En juillet, un conflit local oppose le clan kurde des Zibari, soutenu par Bagdad, aux partisans de Moustafa Barzani. Les Zibari, vaincus, se réfugient en Turquie. En septembre, des soulèvements locaux inorganisés éclatent autour de Souleimaniye, où ils sont rapidement réprimés par l'armée, et autour d'Erbil, où les combats se prolongent jusqu'en décembre. Moustafa Barzani, avec 660 partisans, s'établit dans la région de Zakho. En décembre 1961, le PDK décide de prendre la tête de l'insurrection.
Les forces combattantes kurdes appelés peshmergas (ceux qui vont au-devant de la mort) atteignent 7 000 hommes à la fin de 1962. L'armée irakienne, affaiblie par les désertions de nombreux soldats kurdes, doit bientôt renoncer à s'engager dans les régions montagneuses et se contente de tenir les villes. Le conflit est interrompu à plusieurs reprises par les coups d'Etat qui se succèdent à Bagdad.
Le général Qassem est renversé le 8 février 1963. Le nouveau gouvernement de Abdel Salam Aref, dominé par le parti Baas, se hâte de conclure une trêve avec les Kurdes qui ne durera que 6 mois. C'est à cette époque qu'est inaugurée la politique d'arabisation des régions kurdes par l'expulsion de 40 000 habitants kurdes de la province de Kirkouk. La Syrie, gouvernée par la branche locale du parti Baas, soutien de l'armée irakienne dans la région de Zakho en octobre 1963. Mais Aref, par un nouveau coup d'Etat, se débarrasse de ses alliés baasistes en novembre 1963 et conclut une nouvelle trêve avec le PDK en avril 1964.
Le PDK exerce alors un pouvoir autonome de facto sur un territoire montagneux d'un million d'habitants, adossé aux frontières de Turquie et d'Iran, mais ne comprenant aucune ville importante ; il défendra ce bastion jusqu'en 1975.
Le parti traverse alors une crise intérieure qui conduit à la scission entre le clan Jalal Talabani et Moustafa Barzani en juillet 1964. Les peshmergas, 15 000 à 20 000 hommes, restent fidèles à Barzani.
En avril 1965, le maréchal Aref rouvre les hostilités. Mais l'armée irakienne, forte de 40 000 à 50 000 hommes, est incapable de venir à bout des peshmergas qui commencent à recevoir une aide matérielle discrète du shah d'Iran. En janvier 1966, Talabani et ses partisans se rallient au gouvernement de Bagdad : ils constituent une milice d'environ 2 000 hommes et, jusqu'au cessez-le-feu de mars 1970, participent aux combats contre leurs anciens frères d'armes du PDK.
Le maréchal Aref meurt en avril 1966. Il est remplacé par son frère, qui, après la défaite du mont Hendrin, conclut un cessez-le-feu avec les Kurdes le 29 juin 1966. Le 17 juillet 1968, le général Aref est renversé par un nouveau coup d'état baasiste qui porte au pouvoir le général Ahmad Hasan al-Bakr.
Des affrontements locaux opposent Kurdes et forces gouvernementales : le cessez-le-feu est rompu en janvier 1969. Le 1er mars 1969, les peshmergas conduisent un raid sur les installations de l'Iraq Petroleum Company à Kirkouk, interrompant pour plusieurs semaines les exportations pétrolières de l'Irak. À partir de septembre 1969, des unités de l'armée iranienne viennent appuyer les peshmergas en territoire irakien.
L'épuisement des deux parties les amène à ouvrir des négociations secrètes. En janvier 1970, le vice-président irakien Saddam Hussein vient rencontrer le général Barzani à son quartier général de Nawperdan. Le conflit se conclut par un accord en 15 points entre le régime baasiste et le PDK, signé le 11 mars 1970.
Le 11 mars 1970, Saddam Hussein signe avec les deux partis « autonomistes-indépendantistes » PDK et UPK kurdes un accord relatif à l'autonomie du Kurdistan irakien, avec la « Loi pour l'autonomie dans l'aire du Kurdistan ».
Cet accord, reconnaît le caractère binational de Irak, la nomination d'un vice-président kurde, la légalisation du PDK, la création d'une région kurde dont les limites restent à définir, l'usage de la langue kurde dans l'administration régionale et dans l'enseignement, la non-dissolution des peshmergas et, à terme, la création d'une section kurde dans l'armée irakienne. Trois gouverneurs kurdes sont nommés à Dahuk, Erbil et As-Sulaymaniya, et cinq ministres kurdes entrent au gouvernement.
Cependant, l'application de l'accord est difficile : le recensement qui devait se tenir dans un délai de 6 mois est indéfiniment reporté, laissant en suspens le statut de Kirkouk, province revendiquée par les Kurdes. La nomination d'un vice-président kurde est également reportée, Mohammed Habib Karim, candidat du PDK, étant refusé par Bagdad à cause de ses origines iraniennes. Le régime continue sa politique d'implantation de peuplement arabe autour de Kirkouk et Sinjar tout en refusant la citoyenneté irakienne aux Kurdes Fayli (chiites d'origine iranienne) qui seront expulsés d'Irak en septembre 1971.
Le 29 septembre 1971, Moustafa Barzani échappe à une tentative d'assassinat au moyen d'engins explosifs portés par une délégation venue de Bagdad. La guerre israélo-arabe d'octobre 1973, à laquelle participe l'Irak, vient retarder la rupture entre les Kurdes irakiens et Bagdad. Mais les négociations sur l'autonomie et le statut de Kirkouk sont dans l'impasse et, en avril 1974, Saddam Hussein remanie son gouvernement pour remplacer les cinq ministres kurdes par d'autres Kurdes plus dociles. Le 11 mars 1974, il publie une « loi d'autonomie » qui annule en fait les concessions promises aux Kurdes.
La deuxième insurrection kurde irakienne oppose le PDK, soutenu par l'Iran du shah Mohammad Reza Pahlavi, au régime baasiste.
Les insurgés kurdes, estimés entre 30 000 et 50 000 peshmergas affrontent une armée irakienne de 90 000 hommes avec 1 200 chars et 200 avions. En février 1974, des tirs d'artillerie opposent les armées iranienne et irakienne le long de la frontière. En mars, après la publication de la « loi d'autonomie », le Kurdistan entre en insurrection et plusieurs garnisons irakiennes sont encerclées.
D'avril à octobre 1974, l'armée irakienne lance une série d'offensives et prend 3 villes, provoquant l'exode de la population kurde.
Le 3 octobre, à l'issue d'une bataille coûteuse, l'armée prend d'assaut le mont Zorzek et s'empare de Nawperdan, siège du QG du général Barzani. Le même jour, un gouvernement et un parlement kurde composés de partisans du régime baasiste sont établis à Erbil. La population civile connaît de graves difficultés de ravitaillement. Les peshmergas battent en retraite le long de la frontière.
La guerre se termine avec les accords d'Alger, le 6 mars 1975, par lesquels le shah retire son aide aux Kurdes en échange d'une délimitation de la frontière du Chatt-el-Arab. Les Kurdes n'obtiennent qu'une trêve de quelques jours, du 15 mars au 1er avril. Le général Barzani et les chefs militaires ordonnent de cesser le combat pour se réfugier en Iran. Des centaines de milliers de réfugiés franchissent la frontière.
La défaite de 1975 laisse les Kurdes profondément divisés. Moustafa Barzani reste en exil en Iran où il sera enterré après sa mort le 1er mars 1979. Ses fils Idriss, resté en Iran, et Massoud, qui le représente en Syrie, dirigent ce qui reste du PDK. Une fraction du PDK, ralliée au pouvoir de Bagdad autour de Hicham Akrawi, exerce un semblant de pouvoir dans la région autonome consentie par le régime.
Une partie des Kurdes se rassemblent autour de Jalal Talabani, ancien lieutenant de Barzani. Celui-ci, exilé en Syrie et profitant de la rivalité qui oppose le régime baasiste de Damas à celui de Bagdad, fonde le 1er juin 1975 un Comité préparatoire qui deviendra l'Union patriotique du Kurdistan (UPK) ; une hostilité parfois violente l'oppose au PDK. Un groupe de l'UPK parvient à établir une base de guérilla dans le sud-est du Kurdistan irakien. En 1977, il rassemble un millier de peshmergas. Cette phase du conflit est désignée comme l'insurrection de l'UPK du fait du rôle moteur de ce parti.
En août 1976, le président Saddam Hussein décide d'expulser toute la population kurde sur une bande de 20 km le long de la frontière iranienne, pour empêcher les infiltrations. En 1976-1977, bien que le régime s'obstine à nier l'état de guerre, des petits groupes d'insurgés sont partout présents dans les montagnes du Kurdistan.
À partir de la fin de 1977, le PDK accuse l'UPK de négocier secrètement avec Bagdad. Au printemps 1978, trois « divisions » de peshmergas de l'UPK tentent de se déployer dans le nord-ouest du Kurdistan, région considérée comme la chasse gardée du PDK : des affrontements éclatent entre les deux mouvements, faisant plusieurs centaines de morts.
Une fraction de l'UPK, désapprouvant la ligne de Talabani, fait scission en 1979. Ces luttes fratricides mettent en sommeil l'insurrection kurde qui ne reprendra qu'en 1983.
La quatrième insurrection éclate en 1983 pendant la guerre Iran-Irak. Le régime de Saddam Hussein la réprime violemment lors de l'opération Anfal.
L'Irak fut largement condamné par la communauté internationale mais ne fut jamais sérieusement puni pour les mesures oppressives telles que le massacre de dizaines de milliers de civils, la destruction intégrale de milliers de villages et la déportation de milliers de Kurdes vers le sud et le centre de l'Irak. Les attaques de l'Anfal causèrent la destruction de 2 000 villages et la mort de 50 000 à 100 000 Kurdes.
Après la débâcle de l'armée irakienne dans la guerre du Golfe, en mars 1991, une grande partie de l'Irak se soulève contre le régime de Saddam Hussein.
Le soulèvement des régions chiites dans le sud est écrasé, mais le soulèvement kurde du nord, malgré une répression brutale, arrive à établir une autonomie de fait dans une partie du Kurdistan qui bénéficie, à partir de mai 1991, d'un soutien de la coalition américaine.
Malgré cela les troupes irakiennes reprirent durant un certain temps des territoires kurdes et des centaines de milliers de Kurdes fuirent vers les frontières, avant qu'un « abri sûr » ne fût établi par le Conseil de sécurité. La zone autonome kurde fut principalement contrôlée par les partis rivaux, PDK et UPK.
Le 19 mai 1992, le Kurdistan autonome élit son parlement : 1,5 million d'électeurs se partagent à peu près également entre le PDK et l'UPK. Mais la rivalité entre ces deux partis débouche sur un cycle de violences, arrestations arbitraires, tortures et exécutions, opérées aussi bien par l'un que par l'autre. Bien que ces abus soient loin d'égaler les exactions massives du régime baasiste pendant les années précédentes, ils sont assez graves pour déboucher sur une guerre civile entre les deux partis kurdes.
La guerre civile kurde oppose entre 1994 et 1997 les deux grands partis kurdes, le PDK et l'UPK, et leurs forces respectives de peshmergas. Elle se termine par un compromis, le PDK gouvernant le nord-ouest de la région autour d'Erbil tandis que l'UPK administre le sud-est autour d'As-Sulaymaniya.
Au printemps 2003, une coalition dirigée par les États-Unis envahit l'Irak et renverse le régime de Saddam Hussein. Les Kurdes, alliés des Américains, aident à désarmer les forces du régime irakien jusqu'à Mossoul et Kirkouk et à déloger le groupe djihadiste Ansar al-Islam.
L'Autorité provisoire de la coalition reconnaît la constitution d'une Région du Kurdistan. La zone contrôlée par les peshmergas est agrandie, certains districts gardent un statut incertain vers Kirkouk, Mossoul et Khanaqin. Début 2006, les deux zones kurdes d'Erbil, dirigée par le PDK, et Souleimaniye, gouvernée par l'UPK, sont réunies en une seule région. Un référendum devait avoir lieu en 2007 pour déterminer les frontières définitives de la région kurde, mais il reste indéfiniment reporté.
En juin 2014, pendant la seconde guerre civile irakienne, l'offensive du mouvement djihadiste État islamique (Daesh) et la débâcle de l'armée gouvernementale permet à la région du Kurdistan d'incorporer Kirkouk et d'autres territoires contestés. Le 2 juillet 2014, un référendum sur l'indépendance est annoncé. Le 7 juin 2017, les principaux partis kurdes se mettent d'accord pour fixer une date du référendum, il se déroule le 25 septembre 2017. Le oui l'emporte largement, à 92,7%.
Les tensions continuent de caractériser les rapports entre les principaux partis kurdes : en octobre 2017, la démission de Massoud Barzani est accompagnée de violences contre les partis d'opposition comme l'UPK et le Goran (parti résultant de la scission de l'UPK).
Le Kurdistan possède plus d'un quart des réserves pétrolières du pays. Cependant, les forces gouvernementales irakiennes ont repris les célèbres puits de Kirkouk situés au sud de la région autonome le 16 octobre 2017. Ces puits conquis en 2014 par les peshmergas, représentaient la moitié des exportations kurdes en 2016 (soit 550 000 barils par jour). Cette perte est liée à la défiance des Kurdes qui ont organisé en 2017, un référendum sur l'indépendance du Kurdistan irakien.
Début 2017, la crise économique atteignait un seuil catastrophique : les fonctionnaires (60% de la population active) voyaient leur salaire réduit de moitié, voire pour certains de 75%, les investisseurs désertaient massivement, des milliers de projets en cours étaient abandonnés, le taux de population sous le seuil de pauvreté montait à 15%. Volonté de l'Etat de créer 40 000 emplois dans le domaine du tourisme.
La réception du Premier ministre irakien à Paris a soulevé la question du futur partenariat entre la France et la région autonome du Kurdistan. La situation politique et diplomatique est délicate : alors que Paris a laissé entendre que la problématique kurde avait été évoquée lors de cette rencontre, Bagdad a signifié le contraire. Ainsi, le positionnement de l'État français sur la question kurde sera déterminant dans les enjeux économiques commerciaux du Kurdistan.
Au sein du consulat français, l'attaché commercial qui travaille pour la coopération entre la région du Kurdistan et la France. La France fait partie des cinq premiers pays qui travaillent activement dans le secteur économique du Kurdistan. Trente entreprises françaises (France Telecom, Lafarge, Total, Carrefour, etc.) sont présentes. C'est énorme pour une région de 6 millions d'habitants.
Les sociétés françaises sont prudentes, d'autant que la région est plutôt anglophone : c'est un obstacle pour trouver de la main d'œuvre sur place, ce qui est pourtant le principal enjeu pour les populations.
De plus, contrairement aux Etats-Unis, la France n'a pas participé à la libération de l'Irak de 2003, donc il y a beaucoup de sociétés américaines qui en ont profité pour conquérir des appels d'offres du gouvernement du Kurdistan.
Le Kurdistan Irakien doit envisager le tournant de la transition écologique puisque ses revenus sont essentiellement tirés des énergies fossiles… Il y a déjà quelques coopérations agricoles avec les Pays-Bas, puisque 70% de l'agriculture en Irak provient du Kurdistan irakien.
Aujourd'hui la plus grande difficulté du Kurdistan irakien réside dans la prise en charge des millions de réfugiés. Là encore l'Europe a un rôle à jouer car l'impossibilité pour le Kurdistan irakien de prendre en charge les réfugiés entraînera un exode vers l'Europe.
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