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Construire la démocratie partout : institutions publiques, institutions sociales, entreprises, libertés et droits fondamentaux

La démocratie, si on doit la définir simplement, est l’expression du choix souverain des citoyen.nes pour décider de l’organisation des pouvoirs dans une société. C’est l’ensemble des citoyen.nes qui s’expriment sur la façon dont la société doit être construite, dont elle doit évoluer.

Nous vivons une crise démocratique réelle en France. Elle repose sur quatre axes problématiques.

Le premier est une crise de la représentativité. Le système actuel donne un pouvoir inconsidéré au président de la République. Cette omnipotence est amplifiée par le quinquennat et l’inversion du calendrier (élection présidentielle suivie des élections législatives) qui confèrent systématiquement au président une majorité de députés qui représentent par conséquent le gouvernement et non les citoyen.nes. De fait, l’assemblée nationale n'incarne pas  réellement le pluralisme des opinions publiques exprimées et le président ne représente finalement que ceux qui ont voté pour lui. Cette absence de reconnaissance de la diversité des opinions entraîne une frustration des électeurs et progressivement de l'abstention.

L’abstention est très importante pour plusieurs raisons : défiance, manque de représentativité, crise sociale, crise culturelle.

Le deuxième axe problématique est l’impossibilité pour les citoyen.nes de peser dans le débat politique entre deux élections présidentielles. Les citoyen.nes peuvent peser par le vote lors des élections intermédiaires, qui ne portent que sur des périmètres d’action par définition beaucoup plus restreints que le périmètre national. Ainsi le peuple ne peut agir sur des processus de décision nationaux que et uniquement si l’exécutif le lui permet ce qui renforce l’illégitimité du pouvoir précédemment évoqué. Cela donne un sentiment réel, et logique, de confiscation du pouvoir.

Il existe pourtant des dispositifs (tels que le référendum national ou local) mais ils ne sont que peu contraignants et ne sont pas accessibles à une initiative proprement citoyenne. Cette crise de l’expression politique des citoyens est amplifiée par l’autoritarisme du pouvoir en place, qui non seulement contraint et entrave certaines manifestations d’opposition mais surtout, ne tient jamais compte de ces manifestations.

La crise démocratique trouve donc son origine dans un défaut de représentativité au sein des instances mais aussi dans l’impossibilité pour  les citoyen.nes de s’exprimer et de participer aux décisions. Notre démocratie n’est donc plus d’un point de vue pratique une démocratie représentative, mais davantage une démocratie tutélaire : c’est-à-dire que les citoyen.nes sont sous tutelle des dirigeants qu’ils et elles ont élus.

Le troisième angle problématique est à la fois une cause des deux premiers et une conséquence. Il consiste en la désagrégation de l’espace public qui est la somme de lieux où le débat public et l’échange politique, social et culturel peuvent avoir lieu. Cette désagrégation est due à la croyance performative selon laquelle les citoyen.nes sont dans l'incapacité de se forger une opinion politique claire et distincte et doivent donc être guidé.es par des experts. C’est la célèbre démocratie des experts de Walter Lippman.

Ce phénomène est ancien mais il s’est accéléré ces dernières années, accentué par les effets du capitalisme produisant un individualisme exacerbé niant les spécificités des individus en droit mais promulguant la mise au ban de la collectivité. La gravité de ce phénomène s’apprécie jusqu’au sein des entreprises où les structures collectives et syndicales sont critiquées, marginalisées au profit d’un rapport direct entre employeur-tuteur et employé isolé.

Enfin, la déshérence de notre système judiciaire, saturé, marqués par d’importantes inégalités d’accès comme de traitement, alimente la défiance croissante de la population française dans son système démocratique, dont la justice est le garant.

Les enjeux sont donc multiples.

Le premier consiste à  réintroduire une souveraineté citoyenne et à  réfléchir à la restauration d’un espace public fort, permettant le débat public et la construction de pouvoir politique. Les Gilets Jaunes ont par leur réappropriation d’un espace public et politique généré la tenue d’un grand débat multipliant ainsi les paroles citoyennes. Il conviendra ensuite de permettre aux citoyen.nes de participer, d’être acteurs volontaires de pratiques citoyennes localement mais finalement à toute échelle. C’est grâce à la réalisation de ces deux objectifs que la pratique politique peut être renouvelée, les institutions réoxygénées, et que les pouvoirs politiques dans leur ensemble peuvent être relégitimés.

Une réflexion globale doit aussi être mise en œuvre sur la nécessité d’une sixième République respectant une séparation stricte des institutions politiques, une séparation stricte des pouvoirs, et une meilleure prise en compte des citoyens et de leurs initiatives dans l’équilibre des forces politiques.

Une précision importante doit être apportée : il ne sera possible de trouver de réponses concrètes à ces questionnements qu’à l’unique condition de garantir une égalité réelle de droits à tous les citoyens avec comme objectif premier de garantir à tous un égal accès à l'exercice de ces droits et, donc, de lutter contre les discriminations. En effet, la nature même d’une démocratie, qu’elle soit directe, participative ou représentative, réside dans le respect des droits du citoyen. Le concept de citoyen.ne est donc central dans la construction démocratique.

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